Evénement en principauté ! Avec la venue du chef de file de la scène trip-hop française Wax Tailor venu présenter son dernier album Dusty Rainbow From The Dark plongeant dans l'univers de l'enfance et de l'imaginaire. En véritable boulimique de travail et pas moins de 170 dates par tournée, Wax Tailor nous promet un show bien peaufiné touchant aussi bien nos sens auditifs que visuels.
Le concert était prévu à 20h30, et c'est à 20h30 pétante que The Fakir (Franck Dadure) arrive sur scène accompagné de deux musiciens pour la première partie. Les années 30' sont évoquées tout aussi bien par l'apparence des musiciens, avec chapeau borsalino pour les deux compères et robe vintage pour la flûtiste Ludivine Issambourg du groupe UHT°, que par le tableau sonore s'instaurant au travers de sample jazzy swing ennivrant de l'époque contemporaine à Duke Ellington.
Souvent hypnotisants, les morceaux se voûtent de riff répétitifs habillant les samples lancés par Franck Dadure, et de phrasés enflammés à la flûte traversière et au saxophone soprano
Le public est intrigué et écoute attentivement ce subtil mélange d'électro, limite drum'n'bass, et de nu-jazz évoquant une ambiance enfumée et transpirant le vieux rhum.
Après ce set de presque 1h, c'est au tour de la tête d'affiche, Wax Tailor, d'entrer en piste. On le sait pointilleux dans tout ce qu'il entreprend, et notamment sur scène avec une minutie dans chaque détail visible et audible par le public. On piétine donc à découvrir l'univers de Wax Tailor sur cette scène de la salle du Canton.
Les premières notes de "Once Upon A Past" sonnent dans un décor rappelant l'intérêt porté par Wax Tailor à l'univers cinématographique, avec trois toiles de projection en arrière-plan et des écrans habillant le pupitre du chef d'orchestre derrière ses platines.
On parlait de détails, chaque élément est calibré, symétrie dans les décors, enchaînements précis, tous vêtus de noir avec une pointe de rouge, tout est fait en sorte que le spectateur soit happé par le long-métrage projeté sous nos yeux.
Aux morceaux attitrés de Dusty Rainbow From The Dark, des clips dessinés apparaissent sur les écrans, un véritable conte musical prend forme à l'image de l'album et de cet univers porté dans l'imaginaire et l'enfance.
Chaque personnage de ce décor évoque sa personnalité et sa sensibilité sur scène, avec des jeux de sensualité, d'humour et d'audace.
En véritable atout charme, Charlotte Savary enveloppe la salle de sa douce voix pour des passages en apesanteur comme sur "Seize The Day".
A ces passages de downtempo envoûtants, s'enchaînent ceux plus endiablés avec le rap de Mattic à la gestuelle et au flow du rappeur qui en impose et également avec le duo hip-hop A.S.M. qui assurent à chacune de leur entrée une performance des plus énergiques notamment sur "Positively Inclined".
Parmi les morceaux on compte bien évidemment des anciens titres dont certains auront un effet immédiat sur le public avec "Seize The Day", "Positively Inclined" ou encore "Que Sera" au cours de laquelle le public donnera de la voix pour la première fois de la soirée.
Cependant, dans la fosse ce soir ce n'est pas ça, le public monégasque a pourtant su faire preuve d'énergie sur d'autres concerts récents (Shaka Ponk, Dionysos...), mais cette fois-ci les jambes se trémoussent à peine, les bras ne se lèvent que quelques fois, peut-être est-ce dû en partie aux crash barrières particulièrement éloignées de la scène par rapport à l'échelle de la salle mais ceci n'excuse pas tout. La fabuleuse flûtiste menace même (sur le ton de la rigolade, rassurez-vous) de la jouer court si le public ne donne pas un peu plus de sa personne.
Malgré cela, Wax Tailor et ses acolytes ont le mérite de garder la pêche et redoublent même d'énergie pour donner un maximum avec toujours cette joie de partager.
Après quelques sollicitations insistantes, le public finit quelque peu par bouger des cheveux et l'ambiance grimpe... si ce n'était sans compter un problème technique bloquant sur place toutes les machines de Wax Tailor.
The show must go on, une petite impro sur un air de Bobby Mc Ferry fera patienter les quelques minutes de réparation, puis le sample relancé, c'est A.S.M et Mattic qui sauront récupérer la donne.
C'est sur le rappel que la salle s'est en fin de compte le plus enflammée, normal avec un "Say Yes" dont A.S.M et Mattic ont en fait un véritable show, on ne pouvait pas faire autrement que de sauter sur place à faire l'écho des Yes lancés par les MC's.
A son habitude, Wax Tailor a fait preuve une fois de plus de sa capacité à monter des concerts bien rodés avec un visuel appliqué et un son de qualité. Dommage pour l'ambiance des lieux qui n'a pas été à la hauteur escomptée pendant un long moment. Mais qu'à cela ne tienne, nos sens ont été sollicités pour une évasion dans l'esprit imaginaire de Wax Tailor.
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