Comédie dramatique de Linda McLean, mise en scène de Stuart Seide, avec avec Eric Castex, Bernard Ferreira, Maxime Guyon, Jonathan Heckel, Sophie-Aude Picon et Stuart Seide.
Sur le bateau voguant sur le long fleuve pas tranquille de la vie, l'homme n'est pas un voyageur sans bagage. Chacun traîne la valise plus ou moins lourde d'un passé qui laisse une empreinte d'autant plus indélébile qu'il comporte des événements tragiques et traumatiques.
Telle est la thématique générique abordée par l'auteure écossaise Linda McLean dans sa pièce "Strangers, Babies" montée pour la première fois en France par Stuart Seide sous le titre "Fractures".
Elle propose par le procédé du dévoilement à rebours, et à travers cinq focus relationnels avec cinq hommes différents, de procéder à l'archéologie d'une femme à travers cinq focus relationnels, fragments éclatés d'une histoire à géométrie variable et combinatoire avec le mari désarmé (Éric Castex), le père mourant (Stuart Seide), le frère névrosé (Jonathan Heckel), l'inconnu adepte de pratiques sado-masochistes (Maxime Guyon) et l'assistant social (Bernard Ferreira).
Son écriture, sous influence pinterienne, est caractéristique des écritures contemporaines minimalistes, notamment anglo-saxonnes, dépourvues de dramaturgie, minimaliste, au texte lacunaire, des phrases inachevées, parfois à peine ébauchées qui, à l'opposé du théâtre de paroles, prône un théâtre dit "de l'être" laissant au spectateur le soin, au pire, de se perdre en conjectures, au mieux, de parer aux points de suspension.
Dans la mise en scène de Stuart Seide, clinique comme le décor impersonnel de Philippe Marioge et les néons crus de Jean-Pascal Pracht, tout repose sur le jeu incarné de Sophie-Aude Picon qui transcrit parfaitement les difficultés de communication inhérentes au décalage induit par les propos d'une femme douloureuse sous influence d'une pensée intérieure obsessionnelle et psychotique et qui ne semble jamais ni dans le présent ni dans la réalité. |