Emmanuel Tugny, un nom à retenir. En 2006 lui prit un vertical lui sommant de fonder un groupe de toute urgence : Molypop. Craignant les foudres divines, il s’attela ardemment à cette tâche peu aisée. Il s’entoura pour cela de quelques comparses rencontrés au hasard de ses pérégrinations : Christophe Boissière, Otavio Moura, Laure Limongi et les autres. La vraie histoire est légèrement différente mais peu importe, au troisième album, La bande perdue, elle peut être romancée.
Dix-huit titres pour une heure de musique, ils ne sont plus très nombreux à en donner autant sur une seule galette. Avant d’être de la musique, les dix-huit titres évoquent la douce mélancolie qui nous rattrape quand on se met à regarder de vieilles photos et à parler comme nos grands-parents, au rythme de "tu te souviens ?" et de "Il n’y avait pas ça avant, qu’est-ce qu’on s’est marrés avec nos bouts de bois dans le ruisseau".
C’est la pochette qui me fait dire ça, un enfant des années 60 (70 ?), fier comme un pape devant la voiture de papa (papi ? tonton ?). Mais c’est aussi "Subbuteo"… Vous savez, ce jeu que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître, avec des petits joueurs de foot (ou hockey ou rugby) montés sur des demi-sphères, où on joue à plat ventre en faisant avancer les joueurs d’une pichenette sur un tapis en vraie-fausse moquette verte. Mon frère en avait un, je passais plus de temps à essayer de faire avancer ce foutu joueur qu’à bouger mon gardien, et je perdais. Souvenirs, souvenirs...
Une fois immergé dans les souvenirs, la voix d’Emmanuel Tugny, pile-poil entre le parlé et le chanté, vous fera voguer vers des horizons plus fastueux. Les sonorités sont rock mais pas seulement, elles sont améliorées par une infinité de petites harmonies délicates et d’arrangements raffinés qui enjolivent le tout.
La bande perdue est composée de chansons enregistrées entre 2008 et 2009, de vieilles créations originales donc. On vous avait bien dit de les garder, celles-là ! Quelques titres en anglais et la majorité en français. Vous trouverez de la petite ritournelle "Lou", du long drapé mélodieux "Rose", des "Théâtreuses" presque angoissantes, de la trompette… Du charme et de l’élégance ! Voilà tout !
En résumé : nostalgique, mélancolique et cool. |