Il prit sa retraite à 53 ans pour commencer une carrière d’écrivain que j’espère longue et parsemée de thrillers. Il s’est immédiatement fait remarquer avec son premier roman 658 et son meurtrier machiavélique sévissant autour d’une sombre énigme. Paf ! Une année plus tard, N’ouvre pas les yeux avec des femmes décapitées le jour de leur mariage. Paf ! Cette année, Ne réveillez pas le diable qui dort. Non, je n’ai pas lu les autres, j’espère qu’il ne fait pas le Harlan Coben qui utilise la même trame à chacun de ses romans (mais puisque ça fonctionne toujours autant, qu’il continue !).
Mais je peux vous dire que celui-ci est un thriller rythmé, efficace et inattendu. John Verdon, soyez le bienvenu parmi les livres qui ne prendront jamais la poussière, ceux qui passeront de mains en mains, suivis de près par : "lis, c’est génial !", parmi les livres écornés, les pages crissant sous les miettes, la tranche trempée dans le potage et les pages ondulées qui ont pris un bain. Ces romans qu’on ne lâche qu’à la toute dernière page, qui subissent les aléas des lieux de lecture insolites (ou pas).
L’impression de regarder un film. Les descriptions efficaces comme un plan de coupe. Les dialogues percutants et précis. Pas un mot de trop. Pas une longueur. Et avec tout ça, des personnages attachants, des portraits savamment distillés au fil des pages. Même sans lire les romans précédents écrits autour du même enquêteur Dave Gurney, on en apprend suffisamment sur son passé pour comprendre la pugnacité du bonhomme. Mais trêve de bavardages, place à l’histoire (sans le nom du meurtrier évidemment).
Nonobstant (yes ! Enfin je réussis à caser ce super mot qui fera prendre 50 points vocabulaire à ma copie ! Yes yes yes !). Hum… Je disais donc : nonobstant le prologue intimidant, l’histoire commence par un coup de fil assez banal d’une journaliste (Connie), ancienne auteure d’un méga article vantant les supers pouvoirs d’enquêteur Gurney, à ce Gurney même. Elle lui demande gentiment (parce que sinon il aurait certainement refusé et pas d’histoire…) de veiller sur Kim, sa fille, journaliste en herbe, auteure d’un dossier sur les souffrances des familles des victimes de meurtres, leur incompréhension, leur chagrin, leur vie après, leur vie sans… Ce dossier a justement attiré l’œil d’une chaîne de télévision qui souhaite en faire une émission complète.
Maman Connie craint que sa fille Kim s’attire les mauvaises intentions d’un peu partout, surtout que sa première série d’interviews concerne les familles des victimes d’un serial killer qui arrêta brutalement ses meurtres hasardeux "Le Bon Berger"… et qu’on ne retrouva jamais… Ajouter à ça un ex petit-ami plutôt louche (voire carrément malade), Gurney a de quoi occuper sa retraite.
Le flair de Gurney s’active devant les semi "incohérences" de l’enquête, devant ce portrait de profileur pas net, devant les silences et les mauvaises similitudes. Son côté pro reprend le dessus, il réactive d’anciens contacts, partage des théories et se met en quête de la vérité. C’est plus fort que lui. La trouvera-t-il ? Quel en sera le prix ? Jusqu’où faudra-t-il aller ? Quels seront ses alliés ?
Les questions des thrillers sont les mêmes à chaque fois, mais c’est tellement savoureux de lire les 500 pages en trois kilos pour avoir les réponses.
Conclusion : "lis, c’est génial !" |