Comédie de Jean-Michel Ribes, mise en scène de Renaud Vaupré, avec Manon Bouchareu, Emmanuelle Lamoure, Cyril Perrin, Sylvain Prada et Serge Vollmar.
Dans l’œuvre abondante de Jean-Michel Ribes, "La cuisse du steward", pourtant montée en 1990 avec Jacqueline Maillan et Henri Virlojeux, fait figure de pièce inconnue.
C’est donc tout à l’honneur de la Compagnie du Désastre - qui ne mérite pas son nom - de la ressusciter. C’est à plusieurs milliers de mètres de haut, dans la Cordillère des Andes, que Lionel et Yvonne tentent de survivre après la chute de leur avion, un avion heureusement rempli de footballeurs sud-américains qui ont eu la bonne idée de ne pas survivre et de fournir de la nourriture facile à congeler aux rescapés. On connaît ce fait-divers qui a marqué les années 1970 et permis bien des débats aux Dossiers de l’écran. Ici, bien sûr, l’anthropophagie pose peu de problèmes et est propice à quelques moments d’humour aussi noir que saignant. Quand commence "La cuisse du steward", il ne reste pas grand-chose en stock pour nos naufragés : un pied de footballeur… et, titre de la pièce oblige, un bon cuissot de steward. Lionel et Yvonne s’interrogent sous leurs couches de vêtements hétéroclites : dévorer ce noble morceau ou le garder pour un joyeux Noël inoubliable. Mais Jean-Michel Ribes n’a pas construit un huis clos rigoureux et l’irruption de deux autres rescapés, pas moins caricaturaux que le couple Lionel-Yvonne, fait basculer la pièce. On ne brisera pas le suspense en révélant que tout ce beau monde va redescendre vers la jungle d’un pays proie des moustiques et des juntes militaires. On est entre café-théâtre et bandes dessinées, quelque part dans le voisinage de Tintin chez les Picaros et aux confins du pays du Marsupilami. Comédiens amateurs, mais éclairés, les joyeux drilles de la Compagnie du Désastre mettent tout leur cœur pour amuser un spectateur indulgent, content de suivre une intrigue légère et divertissante. Renaud Vaupré a pris au sérieux cet univers déjanté et apporté tout le soin nécessaire pour mettre en scène les élucubrations de ces cannibales malgré eux. Beaux décors de Renaud Vaupré et Louis Clément, costumes amusants de Maria Vollmar, tout concourt à une soirée peut-être pas inoubliable mais agréable pour ceux qui aiment l’humour un tantinet absurde de Jean-Michel Ribes. |