Monologue dramatique de Edgar Hilsenrath interprété par David Nathanson dans une mise en scène de Tatiana Werner.
David Nathanson, comédien et metteur en scène, a transposé en partition monologale le roman de Edgar Hilsenrath qui conte une histoire fictionnelle au titre de fable, "Le nazi et le barbier", une fable tragique qui tresse deux thématiques récurrentes celle de l'issue tragique de l'amitié entre juif et aryen en Allemagne pendant le IIIème Reich et celle du bourreau qui usurpe l'identité de sa victime.
Enfant né de père inconnu et violenté par son beau-père, Max Schulz trouve réconfort dans l'amitié avec Itzig Finkelstein, le fils d'un barbier juif, auprès duquel il apprend tous les rudiments de la judaïté comme ceux du métier de coiffeur. Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes si cela ne se passait pas en Allemagne au début des années 30.
Fasciné par la personnalité imprécative de Hitler, se prévalant de son ascendance aryenne malgré une physionomie fort éloignée de la typologie du blond aux yeux bleus, il devient un exécutant zélé du nazisme jusqu'au jour de la défaite où, pour s'assurer de toute impunité, cet abruti dangereux se double d'un pragmatique cynique en procédant à une incroyable usurpation d'identité, celle de son ami Finkelstein dont il est l'assassin.
Et il pousse celle-ci à son acmé : embrassant avec ferveur l'idéologie sioniste, il émigre en Palestine où le génocidaire anonyme devient un héros de l’indépendance d’Israël. Mais en Israël il y a la forêt des Martyres.
Sous la direction de Tatiana Werner, en campant des personnages à l'humanité aussi sombre que parfois lumineuse, David Nathanson livre avec intelligence et éloquence sensible ce récit confessionnel qui mêle le réalisme cru et le grotesque de la farce et l'effroi et l'humour noir du drame burlesque. |