Réalisé par Virgil Vernier. France. Drame. 58 minutes. (Sortie 1er mai 2013). Avec Andréa Brusque et Julia Auchynnikava.
Pour tout le monde, le mot "Orléans" s'associe naturellement à Jeanne d'Arc dite "La pucelle d'Orléans".
Désormais, grâce à Virgil Vernier, quand on évoquera la ville d'Orléans, on pensera aussi à son club de striptease, plus exactement de "pole dance" où, loin du centre-ville, une autre Jeanne, Joane, se trémousse plus maladroitement que sensuellement autour d'un poteau.
Filmé pendant les Fêtes de Jeanne d'Arc qui animent Orléans chaque année, "Orléans" de Virgil Vernier est un hymne discret, caché, transversal à la jeune fille en passe de devenir femme.
Qu'elle chevauche son gros dada en côte de maille ou qu'elle enfourche sa barre symbolique en petite tenue, l'adolescente qui a grandi fait face au grand mystère de la vie. Bientôt Jeanne ne sera plus que "cendre charnelle" et Joane "chair fraîche" à consommer. À moins que l'esprit de la brûlée vive, par le biais du rituel festif, habite celui de la vivante et la fasse décamper loin de la miteuse boîte où sa jeunesse perdra bientôt ses derniers feux.
À la fois touristique et clinique, entre son et lumière et échos discos, entre faste moyenâgeux et sordide contemporain, "Orléans" installe un manichéisme de façade de cathédrale.
Car Joane et Sylvia, sa copine russe, sont des jeunes filles aussi pures que Jeanne. Leur complicité féminine est peut-être ce qui a manqué le plus à Jeanne d'Arc, dont la triste histoire est vide de compagnonnes...
Film singulier, plus mystérieux qu'il n'y paraît, "Orléans" annonce un cinéaste plein d'aplomb, retors aux figures communes, un cinéaste opportuniste qui a su utiliser à plein les festivités d'Orléans pour alimenter sa fiction.
Sans exagérer, on peut dire que Virgil Vernier vient d'ajouter son nom à la liste de ceux qui ont su faire quelque chose du mythe de Jeanne d'Arc. Le voilà donc naturellement aux côtés de Cecil B. DeMille, Carl T. Dreyer, Victor Fleming, Otto Preminger, Roberto Rossellini, Robert Bresson, Jacques Rivette...
Ce n'est pas rien. On n'oubliera pas sa "Joane" et la figure inédite de féminité qu'incarne si bien Andréa Brusque. Ni belle ni laide, elle est l'idéal de la "jeune fille normale", de celle qui peut décider elle-même, librement, de son destin normal. |