Ils sont remarquablement inconnus, The Veils. Et l'on aurait du mal à évaluer à quel point ils sont sous-estimés. Un groupe qui pourrait avoir l'ampleur de Nick Cave & ses Bad Seeds (era Live Seeds, disons), la noirceur furieuse des Drones, l'âme d'un Leonard Cohen ramené à la vie par un Dr Frankenstein amateur de guitares, l'aura d'un Jeff Buckley misant moins sur sa voix et ses débardeurs – tragiquement, ils restent surtout le groupe dont votre interlocuteur n'aura jamais entendu parlé.
C'est tragique et c'est surtout parfaitement injuste, parce qu'en trois albums (The runaway found en 2001 ; Nux Vomica en 2006 ; Sun Gangs en 2009), le groupe a largement fait ses preuves, et lâché dans la nature quelques pièces d'anthologie ("More heat than light", "Jesus for the jugular", "Larkspur", pour n'en citer qu'une par album, par exemple). Il faut aussi reconnaître que le groupe dispose d'un atout de poids en la personne de son auteur / chanteur / compositeur / leader / guitariste. Sur scène, Finn Andrews brûle tout simplement les planches. Du haut de ses trente ans en août prochain, il irradie d'une énergie, d'une fougue, d'une intensité atteinte seulement par les plus grands. Sérieusement.
Alors ? Alors qu'attend-on ?
On attend, peut-être que le groupe vieillisse et se stabilise ? On attend, probablement, un album imparable. C'est que l'on ne pardonne pas facilement l'excellence quand on pressent que l'on pourrait aller encore au-delà.
Alors traçons ce bilan triste : Time stays, we go, quatrième livraison de la formation, se contente d'être un excellent album de plus, dans lequel il faudra se contenter de tout trouver : le son, l'écriture, la voix, l'intensité, l'énergie, la puissance, la diversité, les compositions. Quoi ? Quoi ? C'est tout ? On vous l'avait bien dit, The Veils ne sont pas encore suffisamment mûrs. Attendons plutôt l'album suivant. |