Deuxième
soirée Froggy's Delight dans les caves bondées du
Bar Three ! Un beau succès car vous étiez venus nombreux
nous retrouver et écouter théâtre et musique.
Voici un petit souvenir de ce que vous avez vu et entendu et, pour
les autres aussi, ceux qui l'ont raté parce qu'ils avaient
préféré aller voir le bon vieux Morrissey grand
comme une aiguille dans la botte de foin qu'est le Zenith.
C'est la toute jeune compagnie La Malle à
Malice qui, grâce à Cléa,
assurera l'accueil du public et les intermèdes.
La jeune troupe a décidé de nous faire découvrir
le dramaturge britannique Martin Crimp.
Deux scènes de la pièce "Atteintes
à sa vie" ("Attempts to her life")
nous sont présentées dans une petite cave pleine à
craquer.
La
mise en scène spartiate s’intègre bien au lieu.
La cave est plongée dans l’obscurité, de petites
lumières allumées rythment la représentation
laissant apparaître ici un visage, là une silhouette.
Entassé dans cette salle exiguë, le public retient son
souffle et vibre à l’unisson du texte tantôt
cruel et violent tantôt comique.
L’ambiance sombre et feutrée des lieux rend bien la
tension qui se dégage du texte de la première partie.
Mais l’énergie, la bonne humeur qui se dégage
des acteurs donne une tonalité sympathique et contrebalance
le texte grinçant.
Le deuxième passage est plus léger, plus rapide,
plus comique. Il s’agit d’une sorte de monologue en
miroir français italien. Chaque phrase en français
est immédiatement traduite en italien et vice versa. Le décalage
entre les deux langues ainsi que les mimiques des actrices déclenchent
des rires dans le public.
L’audience conquise restera un peu sur sa faim devant une
trop courte représentation. Nous les retrouverons, espérons-le,
plus longuement une prochaine fois.
Après démontage des accessoires de La Malle à
Malice, c'est au tour de Zlot d'installer
ses instruments, un drôle de bric-à-brac que les percussions
en tout genre de Virginie alors que Laurent et sa guitare acoustique
fait dans le sobre (comment ? sa chemise et sa coiffure ? y'a plus
sobre ? ouaip et alors ! :)).
Habitués au public sagement assis dans la confortable petite
salle du théâtre des Blancs Manteaux, les Zlot se retrouvent
ici face à un public debout, bavard et surtout, parce que
il n'y a pas de scène délimitée, nez-à-nez
avec les spectateurs.
Mais
il leur en faudrait plus pour les déstabiliser et durant
une petite heure, ils passeront leur répertoire en revue
au rythme de petites plaisanteries et autres mimiques dont ils ont
le secret et qui pourraient passer pour de l'improvisation si l'on
n'a jamais vu leur spectacle.
Et comme le disait un spectateur ce jour là, "C'est
tellement drôle tout le temps que c'est impossible que ce
soit improvisé sans arrêt, ce serait trop balèze"
(l'auteur de ces propos se reconnaitra).
Car oui, il faut le dire, les Zlot sont drôles avec un grand
U comme Humour.
Leurs textes affutés taillés dans le lard de tout
un chacun, militaires, vieux, amoureux, vous et nous. Une chanson
française dépouissiérée et atypique
rythmée par Virginie qui joue même de la rape à
fromage et de la valise (si si !) et les gesticulations de Laurent,
le roi du solo de guitare, un sacré musicien même s'il
se joue de la rockattitude !
Pour voir la baguette magique lumineuse, courrez donc les retrouver
aux Blancs Manteaux, vous ne le regretterez pas !
Toujours en duo, un de ces duos qui de Rita Mitsouko aux Kills
sont porteurs d'un univers, les Delenda
investissent la scène à leur tour.
Toujours un peu traqueurs, quelques incidents techniques vont émailler
le début du concert sans pour autant leur faire perdre, ni
le rythme, ni leur concentration, ni leur enthousiasme. Tout de
rouge et noir vêtus (veste CCCP pour Thierry
et tailleur noir et collants rouges pour Anne
dont la coupe de cheveux très rock'n roll en surprendra
plus d'un), les Delenda entament le set de la même façon
que lors du précédent concert par "About
a girl" de Nirvana.
Première
chose frappante, le son est bien meilleur que la fois précédente,
plus puissant, avec plus de basse, encore un petit effort sur les
décibels et une guitare un peu moins timide et on tiendra
un son impeccable.
C'est "Lost" qui succède
à la reprise de Nirvana, et qui déchaine le public
(Public animé par un certain Charles A., en grande forme,
soit dit en passant, qui y va de ses commentaires à chaud
pour motiver tant le groupe que les auditeurs) enchainé avec
"Sunshine" autre pièce
maitresse du duo.
Anne, handicapée par une côte cassée ne s'en
laisse pas compter et s'attaque ensuite à "Israel"
de Siouxie avec brio.
D'abord parce que le groupe maitrise tout à fait cette reprise
mais aussi parce que la performance vocale est notable.
Suit "Tainted love" fidèle
à lui-même belle reprise suffisamment personnalisée
pour ne pas sentir le réchauffé.
Malheureusement,
sur "Riders of the storm",
reprise façon reggae dub (un peu boostée ce soir là)
tout se complique, la bande accompagnant le groupe a des sautes
d'humeur.
Il faut tout le sang froid et le talent du groupe pour continuer
imperturbablement le morceau sans se planter ... et sans détruire
la platine CD à coup de pieds (Bravo Thierry pour le self
control !).
"Ashes to Ashes" pourtant
remarquablement réussi dans cette version subit le même
sort et Thierry est tout de même un peu déstabilisé
alors que Anne toujours zen poursuit sans heurt accompagnée
par un public solidaire qui tape dans ses mains.
La
bonne fée Technique veille cependant sur eux et se ressaisit.
Dès lors, tout repart à fond les gamelles pour un
concert d'enfer avec tous le répertoire des Delenda notamment
"Smart leader", "Qui
mord" ou "Les loups"
qui déchaînent le public qui ne s'en lasse pas, reprend
en choeur et en redemande.
Un petit chouchou a même droit à une superbe reprise
dédicacée de "Femme fatale"
du Velvet !.
Le concert se clôt sur "Kultur"
mais personne n'a envie de partir. Allez, on reprend "Les loups",
une fois encore plébiscité.
Décidément, Delenda, à l'image de cette photo,
est un vrai couple de scène !
Et ça ne fait que commencer !
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