La Fondation EDF présente une exposition consacrée à une nouvelle génération de designers et artistes en quête de modèles écologiques
qui se sont investis dans le domaine porteur de la biologie et de la biotechnologie.
En effet, alors que les designers contemporains établis se sont largement inspiré des techniques et innovations industrielles, les nouveaux venus explorent un champ d'investigation radicalement différent dans une interdisciplinarité entre design, art et science.
Conçue sous le commissairiat de Carole Collet, chercheur, designer, maître de conférences et directrice associée du Centre de recherches en textiles futurs à l’Ecole centrale Saint Martins à Londres, l'exposition "En vie/Alive - Aux frontières du design" propose de découviri plus d'une trentaine de ces projets novateurs.
Aux frontières du design, entre art et science de l'utopie à la science fiction
Les différentes approches expérimentées sont en l'espèce regroupées en cinq tendances qui vont de l'imitation de la nature à la nature reprogrammée en passant par la nature domestiquée, la nature hybridée, et la nature conceptualisée, dont certaines interpellent quant à leur finalité en termes tant écologiques qu'éthiques.
Les "plagiaires" s'inspirent de la nature et des métabolismes vivants pour créer des environnements qui sont des décors-culptures tel le "Radiant Soil" de Philip Beesley, système de filtration de l'air sous forme d'une architecture numérique composée de polymères, de squelettes en acier et de récipients en verre contennat des photocellules, et "The Rise" de
Cita, une structure architecturale paramétrique programmée par un code digital pour se développer à l'instar de la croissance végétale.
C'est aussi Elaine Ng Yan Ling et ses textiles interactifs ou
la machine à fabriquer des perles de Emile de Visscher. Les "nouveaux artisans" exploitent le savoir-faire spécifique de la faune, la flore et des micro-organismes qui sont utilisés comme petites mains ouvrières.
Ainsi les abeilles ont modelé le vase en cire de Tomáš Libertíny, figurant sur l'affiche de l'exposition, à partir d'une structure insérée dans une ruche.
Terreform invente un concept de logement à partir de la greffe d'une structure dans un arbre, Carlos Peralta, Paolo Bombelli et Alex Driver utilisent la mousse des bois pour inventer une table lumineuse et Phil Ross utilise les facultés reproductrices des champignons pour créer ses mebles-sculptures.
Suzanne Lee, pionnière du biodesign, utilise les micro-organismes pour créer des les vêtements organiques et EcoLogicStudio propose un nouveau genre de jardin "extraordinaire, un cyber-jardin suspendu composé de micro-algues ("Hortus Paris") tout à fait fascinant qui, de surcroît, est très esthétique.
Mais
d'autres, qualifiés de "bio-hackers", de "nouveaux alchimistes" et d'"agents provocateurs" vont plus loin en explorant les voies de la bio-ingéniérie pour reprogrammer le vivant en usant largement de l'hybridation.
Au programme, entre autres, l'utilisation de protocellules semi-vivantes créées en laboratoire pour élaborer de nouveaux matériaux.
Insérées sous sous les fondations de Venise, elles permettraient le le développement de récifs artificiels qui stopperaient l'envasement de la ville ("Future Venice" de Rachel Armstrong).
Pour Shamees Aden, elles pourraient élaborer une matière identique à la peau humaine qui pourrait être utilisée pour fabriquer des chaussures de sport "intelligentes" et adaptables.
De nombreuses pistes d'exploration à découvrir dont certaines ne manqueront pas d'interpeller le visiteur.
Ainsi par exemple, la fabrication de textiles à base d’implants chirurgicaux, la plante qui donne des fraises noires et de la dentelle parfumée, le cactus
qui produit des cheveux humains ou "The incredible shrinking humans project" de Arne Hendriks, artiste, historien d'art et enseignant à l'Université d'Eindhoven, qui propose de naniser l'homme pour résoudre la crise alimentaire, énergétique et écologique. |