L'underground s'affole ! Putain, il y a Shadow Motel à l'Aéronef ce soir. Nouveau chef de file de la noise made in France, Shadow Motel épate avec sa tornade de son qui flagelle l'auditoire. Les responsables de l'affaire sont trois : Swan Wisnia, Julien Bidet et Edouard Reynaert.L'histoire est lancée.
Ce qui marque après un concert de Shadow Motel, ce n'est pas seulement les acouphènes mélodiques qui restent gravées dans les sillons de l'oreille, mais avant tout ce mélange des genres si savant et d'une maturité exemplaire. Chaque protagoniste semble accroché à sa décennie, s'affronte alors les seventies, les eighties et les nineties dans ce merveilleux garage actuel. Shadow Motel se fout de l'histoire de la musique, et invente donc sa propre histoire.
La formation dépote : Vox Jaguar rugissant, guitariste virtuose, batteur fou fou. Les fantômes surgissent et l'on y croise les plus grands : l'orgue évoque The Doors, assimilation facile, mais qui de nos jours peut prétendre affronter maître Manzarek ? Les doigts de Swan virevoltent ainsi, avec précision, sur le 49 touches brûlant de ses mélopées et ligne de basse groovy pour la plupart archi-tubesque.
La section rythmique est donc d'une efficacité redoutable, le tonnerre gronde derrière les fûts et les pompes. Monsieur Edouard bat la mesure comme si sa vie en dépendait et évoque le Nick Mason du Floyd. Sieur est un vrai chat et n'hésite pas à rouler, tout en écrasant les peaux, avant de revenir sur ses pattes puis repartir de plus belle en tant que bonne machine à battre qu'il incarne à merveille. Dans ses plus grands moments de bravoure, l'on retrouve parfois une rythmique tribale lancinante qui devrait conquérir n'importe quel fan de Can.
La guitare est loin d'être en reste dans cette orgie de plaisir, Julien Bidet, guitariste discret, structure le tout. Les mauvaises langues y entendront du bruit... Bien au contraire ! Julien Bidet possède l'inventivité d'un Robert Fripp, la précision d'un Jeff Beck, le groove d'un John Frusciante, et l'esprit aventureux d'un Thurston Moore ! Pardonnez du peu, mais franchement, il n'y a pas eu guitariste plus inspirant et inspiré depuis Mocke (Holden, Arlt, Midget !) dans nos contrées !
Pour conclure, ajoutez à cela, une voix divine quelque part entre Siouxsie et Patti Smith et vous aurez peut-être une idée de ce qui représente actuellement le meilleur groupe de Lille.
L'on ne citera pas de nom de morceau ici, car chaque composition est remarquable et donc à écouter d'urgence. Le meilleur reste à venir puisque le power trio s'enfermera en studio prochainement pour mettre en boîte leur premier LP. D'ici là, deux EP numériques sont gratuitement téléchargeables sur Soundcloud, et ce serait bête de passer à côté. Les discothèques idéales se soldent souvent à 100 disques, il faudra faire de la place, le 101éme ce sera celui-là...
En seconde partie de soirée il y avait Young Rival, groupe canadien énergique, aux compositions efficaces, entre The Strokes et Best Coast. Les Hipsters trouveront ça "So 2000", pourtant l'affaire est loin d'être dénuée d'intérêt et ravira les fans de rock indépendant/alternatif.
Leur dernier album Stay Young est à découvrir, même si la formule prend mieux sur scène que sur disque. |