Drame historique de Régis Vlachos, mis en scène par François Bourcier, avec Lucie Jousse, Jean-Hugues Courtassol et Matthieu Hornuss.
Plus de 70 ans après la défaite de 1940 et le dévoiement de la République en État français, les interrogations demeurent : pourquoi certains ont collaboré avec l’ennemi, d’autres ont résisté au joug allemand alors que la majorité se contentait de se soumettre, de subir les privations, en attendant que le vent tourne et que les jours soient meilleurs.
Dans "Partisans", Régis Vlachos décrit le parcours de trois jeunes Résistants bien différents témoins, par un mois de mai pluvieux, de la première réunion du "Conseil National de la Résistance".
Robert (Jean-Hugues Courtassol), le prolo communiste, Marcel (Matthieu Hornuss), le jeune bourgeois catholique et Yvonne (Lucie Jousse), la socialiste féministe, sont venus accompagner leurs chefs respectifs pour cette réunion capitale où va s’élaborer le programme de la Résistance qui devra être appliqué après la victoire.
Dans l’antichambre de la grande Histoire, les voilà donc qui se racontent, s’affrontent, s’envoient des phrases définitives qui n’empêchent pas qu’ils soient tous les trois là, rue du Four, avec la même envie de chasser l’occupant, les mêmes rêves d’un avenir enfin radieux, et la même crainte, non de perdre la vie mais de parler sous les coups des brutes nazies.
Pièce volontairement didactique, "Partisans" fera comprendre à ceux qui voient l’époque de Vichy comme le combat des "Bons et des Méchants" combien, au contraire, les idées foisonnaient, combien les arrière-pensées politiques et politiciennes n’étaient pas mises de côté. C’est fort de leurs différences, voire de leurs préjugés, que les Résistants ont réussi à fabriquer tant bien que mal une Résistance unie.
Incarnant les trois faces de cette Résistance plurielle, les trois jeunes acteurs paraissent totalement impliqués dans leurs rôles, n’hésitant pas à payer de leur personne en échangeant des coups qui font "vrais", et réussissant à maintenir hors de la caricature des personnages forcément un peu schématiques.
On saluera le climat, parfois pesant, parfois nostalgique, crée par la mise en scène de François Bourcier qui s’appuie sur les lumières d’Antonio De Carvalho, devant se plier aux aléas du couvre-feu et des fausses alertes, et qui utilise à plein un poste de TSF crachant les mots de Vichy, les chansons de l’époque et les messages des "Français qui parlent aux Français".
"Partisans" propose une vision des années noires qui semble assez juste. La pièce de Régis Vlachos permettra de les mieux faire comprendre aux jeunes gens qui ont aujourd’hui l’âge de ceux qui n’étaient pas des têtes brûlées mais des êtres d’un grand courage moral. |