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Théâtre du Chêne noir  (Avignon)  juillet 2013

Comédie de Michel Marc Bouchard, mise en scène de Ladislas Chollat, avec Raphaëline Goupilleau, Christophe D’Esposito, Daniel San Pedro et Elsa Rozenknop.

Sous le titre bucolique et un peu trompeur de "Tom à la ferme" se cache un drame psychologique affûté, livré par la belle plume de l'auteur québécois Michel Marc Bouchard.

Tom, jeune publicitaire gay et citadin jusqu'au bout des ongles, se rend dans une exploitation laitière perdue au fin fond de la province pour assister aux funérailles de son amant, décédé dans un accident de voiture. C'est l'occasion pour lui de rencontrer enfin la famille du défunt que celui-ci lui a toujours assez mystérieusement cachée.

Il se rend très vite compte que son existence, elle aussi, son amant l'avait tuée, tout comme son homosexualité. Sous les menaces du frère ainé Francis, et devant la peine d'Agathe, la mère, Tom se prête alors à une mascarade qui va l'entrainer bien plus loin qu'il n'aurait pu l'imaginer.

Prix de la dramaturgie francophone 2011 de la SACD de Paris, "Tom à la ferme" est avant tout un grand texte de théâtre, qui aborde des thèmes puissants comme la vie, la mort, le deuil, l'amour, le désir, le mensonge, et déroute tant par sa forme que par son propos.

Dans le tourbillon de sentiments qui l'animent Tom parle en effet tout autant aux autres qu'à lui-même, et par ce biais à son amant, sans véritablement savoir si ses propos sont perçus ou non par son auditoire. Cet amant, omniprésent jusque dans son absence, vient ainsi prendre une place prépondérante dans un récit empreint de zones d'ombres et d'ambiguïtés. Qui parle à qui ? Qui entend quoi ? Qui sait quoi ?

Tom confond Francis avec son frère, Agathe confond Tom avec son petit garçon et Francis confond un peu tout et tout le monde, Tom, son frère, sa mère, ses vaches, la fille de la danse et ce garçon qu'il a "déchiré" il y a bien longtemps déjà, geste qui l'a mis en marge d'une société déjà peu encline à l'expansion.

Désirs inavoués, peine insurmontable, amères regrets se cristallisent autours du mensonge originel, celui de la vrai personnalité d'un mort parti sans livrer ses vérités. A tâtons, en perte de repères, Tom, Francis et Agathe cherchent à comprendre, à retisser le lien coupé par la mort et à faire revivre le disparu. Ils ne font cependant que s'abîmer les uns les autres dans un vase clos relationnel et humain, celui de cette ferme isolée, digne d'un mauvais film d'horreur.

Si le sujet du deuil est abordé à la fois de manière sensible et originale, celui de l'homosexualité et de la violence à l'encontre des homosexuels émanant de notre société, particulièrement dans la période délicate qu'est celle de l'adolescence, est un thème que Michel Marc Bouchard traite magistralement et avec beaucoup de doigté. Sans manichéisme ni jugement, il décortique les mécanismes humains qui conduisent à l'indicible tout comme ceux, parfois tout aussi répréhensibles, qui relèvent de l'adaptation face à ces comportements.

La mise en scène très graphique et rythmée, presque cinématographique de Ladislas Chollat s'appuie sur une bande sonore sombre, rock, et des jeux de lumière sculpturaux imaginés par Alban Sauvé. La violence physique n'est jamais montrée mais parfaitement suggérée. Sans temps mort, le spectateur est tenu en haleine du début à la fin du spectacle.

Le décor d'Emanuelle Roy, fait de deux plateaux coulissants et pouvant s'imbriquer l'un dans l'autre, délimite un espace à la fois clos et mouvant, puisque les personnages, bien que gravitant dans un univers confiné et replié sur lui même, ne sont pas enfermés, du moins physiquement.

Les comédiens Christophe d'Esposi, touchant en jeune homme perdu et malléable, Daniel San Pedro troublant dans le rôle ambigü de Francis et Raphaëline Goupilleau, tout simplement bouleversante en mère éplorée et faussement naïve, accompagnés de Elsa Rozenknop, sont tout simplement éblouissants.

Face un sujet plus que délicat, il ne fallait pas moins que la réunion des qualités littéraires de Michel Marc Bouchard, la maitrise du rythme et le sens aigu de la narration de Ladislas Chollat ainsi que le talent des comédiens pour transcender cette tragédie rurale qui se profile déjà comme un des spectacles phare de ce festival.

A voir absolument !

 

Cécile B.B.         
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Du côté de la musique:

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"All is dust" de Karkara
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