Si le nom du groupe associe un mot à consonance italienne et un autre japonisant, le trio Mona Kazu est bel et bien français. Et si l'association d'idées Italie-Japon pouvait évoquer un autre trio en la personne des Américains de Blonde Redhead (la chanteuse d'origine japonaise s'appelle Kazu Makino), là encore rien à voir. Le mystère du nom du groupe n'étant donc pas levé, concentrons-nous alors sur leur musique.
Ce qui frappe le plus et dès les premières mesures de "Drifting", c'est l'impression que rien ne dépasse. Tout est nickel, les différents instruments arrivent les uns après les autres, puis vient ce chant, féminin et très théâtral qui nous plonge dans un univers incertain, entre coldwave un peu à l'ancienne (on pense notamment à Rise and Fall of a Decade) et rock mâtiné de jazz dans l'idée de ce jeu de batterie millimétré et d'électro dans les instruments utilisés.
Le chant est en anglais, français ou allemand brouillant encore un peu les pistes déjà nombreuses quant au style du groupe. C'est souvent très déclamatoire comme pourrait le faire Patti Smith et extrêmement carré dans l'accompagnement musical, ce qui donne parfois l'impression d'un album de musiciens pour musiciens. Mais quand le groupe se laisse aller un peu, on prend alors du plaisir à écouter Other voices in safety places. "Oslo" rompt d'ailleurs le côté théâtral très appliqué du chant en cours de route et la voix devient plus rock et évoque Kim Gordon, malheureusement un peu tardivement sur ce titre de 7 minutes qui part dans pas mal de directions.
Un disque riche techniquement, un peu dur à appréhender de part la construction des morceaux assez atypiques mais qui mérite de s'y attarder le temps d'appréhender toute sa richesse et son éclectisme, le groupe prenant un malin plaisir à brouiller les pistes et mélanger les genres. |