C'est fou comme on peut parfois retrouver d'une chronique à l'autre d'un même disque les mêmes références. Souvent cela va de soit, ou alors c'est écrit dans la bio alors on la cite, pour être sûr de ne pas être passé à coté de la plaque.
Et puis d'autres fois, on a beau faire tous les efforts de la terre on n'arrive vraiment pas à retrouver ces comparaisons dont il est question.
En l'occurence, avec ce premier album de My Concubine, on a du mal à adhérer au concert néo Gainsbourg utilisé un peu à la va-vite. Si bien utilisé même, que leur distributeur UnderProd en a fait un concours "gagner l'album de My Concubine et un album de Gainsbourg pour Noël". Super... mais dès lors on peut se demander où commence les influences réelles et où commence le marketing.
Mais revenons à La Tangente, premier album entièrement en français d'un groupe au nom anglais trompeur.
Ouvrant sur "Comme Knox Johnston" ce disque resprire tout de suite des parfums enfouis loin au fond de nous et, sans remonter au Gainsbourg des années 60/70, nous nous arrêterons plus modestement au début des années 90 avec un remarquable et pourtant très discret groupe français, lui aussi au nom trompeur, nommé Chelsea.
En effet "Comme Knox Johnston" tient largement de Réservé aux clients de l'établissement, premier album de Chelsa y compris dans l'esprit de son titre. Mais ce n'est pas tout, le chant et les intonations du chanteur Eric Falce font également penser aux Objets en ce qui concerne l'utilisation des mots et de leurs sonorités("j'égale Crowhurst et c'est mon seul ego qui m'égare et qui me mène en bateau").
Le morceau suivant, "Les numéros de beaux salauds" est le tube du disque en duo avec Pascale Kendall et sa voix mi Keren Ann mi Bardot (revenons à Gainsbourg donc). La mélodie menée par une mandoline et les 2 voix donnent un petit air de fête à ce titre que l'on ne pourra s'empêcher de fredonner. Toujours au rang des duos, "Le hasard et la nécessités" fait également son petit effet, très rétro et assez plaisant bien que un peu fade tout de même.
"La tangente" en fait un peu trop dans le texte savamment travaillé, même si ce n'est pas pour déplaire de trouver des textes un peu originaux en chansons françaises ("Quelle est la tangente pour être aux losanges" me laisse perplexe tout autant que "Je fume des cônes en parallèles"...).
Sur "Les sorcières de Salem", la voix de Pascale Kendall (est-ce toujours elle ?) se métamorphose en une voix nasillarde et inquiétante très (trop ?) proche de celle de Brigitte Fontaine pour un morceau assez sympathique.
Malheureusement, il manque un petit quelque chose à "Divin Loser" ou "Perdus en hiver" (également assez proche de l'univers sonore des Objets) pour que l'on rentre tout à fait dans le disque. Peut être une trop grande disparité entre les morceaux, ou un manque de relief sur certains morceaux.
Amoureux des jeux avec les mots (ne pas confondre avec les jeux de mots, on n'est pas chez Bouvard), Eric Falce s'en donne à coeur joie sur "Ecoloving système", titre assez réussi qui donne un second souffle à l'album ("Toi qui jamais ne te soucies de la déchéance d'éméchés qui menace deux vieux déchets", essayez de le chanter, pas si facile).
On sent dans My concubine un certain talent d'écriture et un potentiel tant au niveau des voix que de la musique et si cet album est un galop d'essai relativement plaisant on attend de voir la suite que l'on espère plus indispensable.
Il n'en demeure pas moins que My concubine est largement dans la moyenne supérieure de la pop française dans un genre bien différent cependant des Marchet et autres A et c'est bien ce qui les sauvent.