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Sorj Chalandon  (Editions Grasset)  août 2013

"Elle pense qu’elle va mourir, qu’elle est jeune et qu’elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n’y a rien à faire (…) il va falloir qu’elle joue son rôle jusqu’au bout". C’est par cet extrait du prologue de l’Antigone de Jean Anouilh que Sorj Chalandon ouvre également son nouveau roman, Le quatrième mur, paru en août 2013 aux éditions Grasset. C’est par ces deux lignes, qui disent tout.

Paris, 1974. Georges, étudiant parisien, partisan d’un mouvement d’extrême gauche rencontre Samuel, réfugié grec, juif, et metteur en scène. Le premier se rêve en héros, libérateur des opprimés, martelant ses opinions à coups de barre de fer s’il le faut, le second a vécu l’emprisonnement, la torture, avec en fond le souvenir de la mort de son père à Auschwitz. Ils ne jouent pas dans la même catégorie mais tous deux rêvent de paix et de théâtre. Ils deviennent des amis, des frères. Puis, les années passent, Georges se marie, devient père, s’éloigne de son groupe politique. Sam suit son théâtre dans les pays où sa passion l’entraine. Il revient en 1982, mourant, dans un hôpital parisien. La maladie le ronge. Il supplie alors Georges de finir son rêve : monter l’Antigone d’Anouilh à Beyrouth, dans un Liban en guerre. Monter Antigone avec des acteurs de chaque camp, bâtir une "parenthèse poétique" dans ce pays mis à feu et à sang, dresser une barrière mentale entre les acteurs et la terreur, ce fameux "quatrième mur". Démontrer que l’art protège, que l’art redonne des moments d’humanité.

C’est un beau projet, c’est un testament ; Sam ne peut qu’accepter. Mais c’est la guerre, aussi. Pas celle des contes ou des fictions. La vraie. Celle des obus, des milices qui torturent, qui égorgent, celle des enfants qui meurent et des décors d’apocalypse. Celle dont on ne revient pas.

Ce roman de Chalandon ce n’est plus un roman, plus un exercice littéraire. C’est la guerre, c’est là. Ce sont des mots crus, des phrases qui tapent, des chapitres qui tuent. Ce n’est pas la légèreté, l’amour du théâtre, les jolies idées qui résistent à tout. Non ; c’est la violence de Georges-étudiant qui écrase la tête et les genoux de ses opposants fascistes, c’est la terreur de Georges-le-metteur-en-scène–pacifiste qui découvre le corps supplicié de son Antigone, violée, tabassée, défigurée, égorgée. C’est aussi l’effondrement des êtres humains happés par cette guerre ou même en revenant ; le goût gris des ruines qui traîne dans leur bouche, leurs bras tremblants qui ne savent plus étreindre, leur tête saturée d’images d’horreur qui ne peut plus accepter la banalité de la vie quotidienne dans un pays en paix.

Il n’y a pas réellement de "gentil" dans ce roman. Il ne s’agit pas d’aimer Georges ou Marwan, son chauffeur libanais. On s’attachait forcément au luthier parisien dans "Mon traître" et à ses amis irlandais défendant leur pays contre l’invasion britannique. Mais dans ce nouveau roman, les camps sont multiples et l’auteur ne prend pas position, laissant le lecteur assez éloigné finalement des raisons de ce conflit. Seuls les acteurs sacrifiés et leur metteur en scène passionné attirent la compassion et la sympathie ; l’amour de l’art engendre souvent l’amour, tout court. Malheureusement pour eux (et pour tout lecteur idéaliste), Chalandon choisit la réalité : on est au Liban, c’est la guerre. Sam voulait offrir une jolie pause dans ce pays saccagé, lui plonge ses lecteurs paisibles dans l’horreur pendant 325 pages. Mais dans un cas comme dans l’autre, ce n’est qu’éphémère. C’est la réalité qui l’emporte ; "il n’y a rien à faire".

 

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Nathalie Clément         
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# 8 novembre 2020 : Fake Empire

Fake Empire, quoi de mieux que cette chanson de The National (et quoi de mieux comme nom de groupe ?) pour illustrer ces élections américaines qui n'ont pas fini de faire couler de l'encre et du sang ? Mais restons à notre place de pourvoyeur de curiosités culturelles. Voici le programme avec le replay de la Mare Aux Grenouilles #14 en bonus.

Du côté de la musique :

"Walton, Grisi & Prokofiev : Heroes" de Adrien La Marca
"Noir lac" de David Neerman
"Tonus !" de Old School Funky Family
"Difference and repetition (a musical evocation of Gilles Deleuze" de Palo Alto
"Primevère" de Primevère
"Spirit song" de Simon Moullier
"Untried ways" de Solaris Great Confusion
et toujours :
Interview de Romain Humeau autour de son album "Echos", acompagnée d'une session acoustique de 3 chansons
"L" de Benjamin Faugoire Project
"Blast candy" de Blast Candy
"Recital" de Frantic
"Lonely riots" de Helluvah
"Jazz traficantes" de Le Deal
"US / FR" le 3ème mix de cette 2ème saison de Listen In Bed
"Grand Parc" de Mariuus
"Ravel : Gaspard de la nuit, Miroirs, Sonatine, Valses" de Michel Dalberto
"The sunny road" de Ninja Cyborg
"The sound braka" de Stracho Temelkovski
"Aranjuez" de Thibaut Garcia

Au théâtre at home :

avec les captations vidéo de :
"Adieu Monsieur Haffman" de Jean-Philippe Daguerre
"Palace sur scène" de Jean-Michel Ribes
"Le jeu des ombres" de Valère Novarina
"L'heureux élu" de Eric Assous
"Colombe" de Jean Anouilh
"Cabaret apocalypse" de Jonathan Capdevielle
de la danse avec "La Boxeuse amoureuse" de Marie-Agnès Gillot et Arthur H
et un air d'opéra avec "Les Fantômes de Versailles" de John Corigliano

Expositions :

découvrir l'exposition "Le Corps et l’Ame. De Donatello à Michel?Ange. Sculptures italiennes de la Renaissance" au Musée du Louvre
voir ou revoir les 'expositions :
"Les costumes font leur show !" au Centre national du costume de scène à Moulins
"Musique et pub : ça fait 50 ans que ça dure !" sur le Musée de la Sacem
et la présentation par le commissaire de la récente rétrospective "Greco" au Grand Palais
les collections du Musée du Louvre, du Musée Bourdelle, du Musée Grévin et du MuMa du Havre
et celles en Europe le British Museum à Londres, le Musée des Beaux Arts de Budapest et le Musée de l'Hermitage à Saint Petersbourg
et ailleurs le Musée Dolorès Olmeido au Mexique et à la Galerie nationale d'Art moderne de New Delhi

Cinéma :

at home en steaming gratuit et pour tous les goûts :
"J'ai tué ma mère" de Xavier Dolan
"Métisse" de Mathieu Kassovitz
"Essaye moi" de Pierre-François Martin-Laval
"Tristesse" de Vincent Mariette
"Augustine" de Alice Winocour
"Tout est pardonné" de Mia Hansen-Løve

Lecture avec :

"Brûler, brûler, brûler" de Lisette Lombé
"La science des rêves" de Guillaume Jacquemont
"Christophe Honoré, les corps libérés" de Mathieu Champalaune
"Dark was the night" de Grégoire Hervier
"Paris-en-fantasy : La légende du Saint-Crââne" de Bret Nephaeus
"Tupinilândia" de Samir Machado de Machado
et toujours :
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"Des frelons dans le coeur" de Suzanne Rault-Balet
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