Spectacle musical d’après le film éponyme de Pierre Koralnik conçu et mis en scène par Emmanuel Daumas, avec Cécile de France, Gaël Leveugle, Grégoire Monsaingeon, Florence Pelly, Crystal Shepherd-Cross et les musiciens Philippe Gouadin, Benoît Chanez, Dayan Korolic et Jacques Toinard.
Inspirée par une histoire que Emmanuel Daumas considère comme "top" et un téléfilm musical qu'il juge "imparfait", sa transposition théâtrale contextualisée de "Anna", premier opus filmique du réalisateur de télévision Pierre Koralnik tourné en 1967 résultant de la collaboration de Jean-Loup Dabadie et Serge Gainsbourg et conçu autour et pour l'égérie de la Nouvelle Vague Anna Karina, ne fait pas mieux et ne convainc guère.
Pour mettre en scène cette comédie romantique sans happy end racontant l'histoire d'une jeune femme amoureuse d'un collègue de travail qui est amoureux d'une image, un visage qui n'est autre que le sien mais qu'il ne reconnaît pas, intrigue mince mais néanmoins intéressante quant à la quête d'un idéal,
Bien évidemment, son spectacle de "théâtre pop musical" qui se veut "une création entre concert et performance, brouillant les pistes de la narration" décevra les vieux de la vieille qui ont connu cette époque et tous ceux qui ont vu et apprécié l'opus original.
Et il n'est pas évident qu'il fédère davantage les autres dont la seule référence est le tube de la bande son "Sous le soleil exactement" toujours régulièrement diffusée sur les ondes.
En effet, si l'esthétique et l'esprit de l'époque des sixties pop, est absent, ce qui ne peut être valablement critiqué s'agissant d'une tentative de re-création, la reconstitution ayant été tout aussi hasardeuse voire impossible, le souci tient à ce que le spectacle ne parvient pas à trouver ni sa légitimité ni son registre. Et, "boutiqué en famille" par des protagonistes qui sont proches depuis leur formation à l'ENSATT, sans doute manque-t-il un peu de recul critique.
Le ballet de paravents translucides servant d'écrans à des projections vidéo de dessins ou d’images ne compense pas l'indigence dramaturgique du texte qui passait mieux avec le mouvement cinétique et la partition musicale de Serge Gainsbourg qui, par son génie métamorphique, transcende la pop anglaise, n'est pas sublimée par les arrangements de Bruno Ralle, diplômé MAE, et de Guillaume Siron, musicien et créateur sonore.
Par ailleurs, le spectacle pâtit du chant approximatif de Grégoire Montsaingeon et de Gaël Leveugle et - surtout - primées par celles du duo de choristes (Florence Pelly et Crystal Sheperd-Cross) dont les nombreuses tenues conçues par Alexia Crisp-Jones, sans doute encore sous influence des tenues de danseuse burlesque du film "Tournée" pour lequel elle a obtenu le César du Meilleur Costume 2011, ont du faire faire exploser le budget costumes, par les trop rares apparitions du rôle-titre interprété avec naturel et fraîcheur par Cécile de France. |