Comédie de Eduardo de Filippo, mise en scène de Patrick Pelloquet, avec Jean-Marc Bihour, Jean-Jacques Blanc, Pierre Gondard, Hervé Gouraud, Thibaut Lacour, Raphaëlle Lenglare, Yvette Poirier, Gwénaël Ravaux, Patricia Varnay et Philippe Vermeulen.
"Homme et galant homme", cette comédie bouffonne du grand dramaturge italien Eduardo de Filippo, comédien et metteur en scène, se révèle une des plus savoureuses surprise de la rentrée théâtrale.
Une compagnie d’acteurs miteux, en tournée à malle d’osier dans une petite ville balnéaire : il y a le "grand comédien" incompris, ses victimes - l’une, engrossée, qui se rebiffe, un souffleur essoufflé, une cuisinière qui joue les utilités - et l’imprésario, fringant jeune homme, qui fait ce qu’il peut de cet assemblage hétéroclite d’égos chiffonnés, de vestiges de talent et d’estomacs gargouillant de faim.
S’il n’avait pas séduit la femme du Comte, ses ennuis se limiteraient à la garde bienveillante de cet aréopage de vieux enfants. Commence alors une délirante et jouissive plongée dans la folie, où chacun ajoute son désordre et son interprétation très libre de la vérité, pour le plus grand bonheur du spectateur.
Parfait médium du grand auteur napolitain, Patrick Pelloquet a réussi pleinement son pari en créant une mise en scène éclairée de soleil, toujours en mouvement, carrousel sans frein, gravant en relief l’humanité touchante de ces comédiens et la fausseté macabre de la Haute société provinciale, jetée dans la folie comme dans une centrifugeuse.
Les comédiens sont époustouflants, généreux, vrais, puissants, irrésistibles : Comment ne pas songer à Vittorio Gassmann devant Jean-Jacques Blanc qui incarne un vieil enfant-comédien, roublard, menteur, de mauvaise foi, composition inoubliable et magistrale ?
Thibault Lacour, remarquable, est le pauvre jeune homme entourbillonné, imprésario des fous et agent de sa folie propre, formidable. Pierre Gondard, à l’aristocratique prestance, devient hilarant quand sa dignité comtale est coiffée, à son insu.
Mention spéciale à Yvette Poirier, irrésistible dans deux rôles, dont une commissaire de police à jupe-culotte, démentielle de zèle assailli. Et bravo à Patricia Varnay, Raphaëlle Lenglare, Hervé Gouraud, Jean-Marc Bihour, Philippe Vermeulen et Gwenaël Ravaux.
Dans la tradition de qualité du 14, ce spectacle débridé offre un bonheur rare . |