Pièce de Gilles Gangloff, mise en scène de Gilles Gangloff avecChantal Baroin, Karine Kadi et Delphine Sagot

Régime sensuel, comédie de Gilles Gangloff, en ce moment sur scène avec "Caveman" au Théâtre Le Mery et auteur également de "La césarienne" qui se joue actuellement au Théâtre Le Triomphe,

Le dîner de copines est aux filles ce que la beuverie du samedi soir est aux mecs : l’occasion d’être moins seul et de comparer ses galères en vomissant l’autre sexe tout en concluant à l’impossibilité de s’en passer.

Ainsi en est-il pour Annie, grande vamp godiche qui surfe à la recherche d’un prince charmant doublé d’un chippendale et d’une bête de sexe, Valérie, pseudo-intellectuelle gnangnan accro à la bio, Arte et confite dans une solitude béate et Elisabeth, grande fille nature, un peu camionneur sur les bords, qui réagit par la dérision et l’autodérision.

Ça piapiate à tout va et si les mecs qui sont passés à la moulinette, la satire de la gente féminine n’est pas piquée des hannetons !

L’écriture confirmée de Gilles Gangloff, nerveuse, alerte, efficace, découpe avec la délicatesse d’une tronçonneuse et la précision d’un scalpel : il y en aura pour tout le monde même s’il éprouve une grande tendresse pour ses personnages, inspirés au demeurant de personnes réelles. La comédie, bien troussée et truffée de répliques savoureuses, évite les pièges de la caricature et le trait s’il paraît un peu forcé parfois vise toujours juste.

Il assure également une mise en scène rythmée et vive, qui fait que le spectateur ne s’ennuie jamais, et intelligente pour ce format de pièce en laissant s’exprimer les tempéraments de chacune tout en les encadrant pour écarter les dérapages vers des numéros d’acteur.

La distribution est judicieuse et les comédiennes composent un trio de choc sans qu’aucune ne tire la couverture à soi : Delphine Sagot (Elisabeth), toute en énergie, capable de partir en vrille comme peu de comédiennes peuvent et osent le faire, détendrait les zygomatiques d’une liftée sous bandelettes, Chantal Baroin (Valérie) est désopilante de sensibilité et Karine Kadi (Annie) a tous les atouts, plastique incluse, pour réussir l’emploi pas si aisé que l’on pense de nunuche.

Et toute ressemblance avec des situations vécues n’est pas une pure coïncidence !