Comédie de Florence Muller et Éric Verdin, mise en scène de Pierre Poirot, avec Florence Muller et Lila Redouane.

"La beauté, recherche et développements" fait partie de ces spectacles inclassables, délicieusement déjantés, sans pour autant manquer de fond, innovants et détonnants au milieu de la programmation plus classique.

Le genre de spectacle pour lequel on s'emballe, ou détale, selon qu'on arrive à rentrer dans son univers particulier ou non.

A la fois conférence loufoque, parcours initiatique et réflexion profondément humoristique autours de la beauté, cet "idéal" inattendu mais efficace vers lequel nous devrions tous tendre pour en finir avec les vicissitudes de l'existence et trouver bonheur et sérénité (rien que ça), cette pièce s'ouvre comme une visite presque banale d'un espace entièrement dédié à la beauté.

Deux conférencières/hôtesse de l'air/ménagères de moins de cinquante ans, plutôt atypiques, Brigitte (Lila Redouane) et Nicole (Florence Muller), vont donc mener leur "petit groupe" dans un dédale inextricable de tout ce qui compose le Beau.

Du regard de l'amour, en passant par les portes du paradis, mais sans oublier l'étape finale et funeste qui nous attend tous, bons mots, digressions, situations imprévues et clownesques se succèdent sans temps mort (c'est le cas de le dire), mêlant absurde et poésie, dans un enchainement certes décousu mais efficacement cocasse, pour le plaisir des zygomatiques du spectateur, perdu, mais hilare.

Cependant, derrière l'aspect cartoonesque de cette visite sous acide, se cache une réflexion attentive et approfondie sur notre société et sa relation à l'apparence, sommet d'un iceberg fait de doutes et d'une bonne dose d'angoisse existentielle, et qui lutte férocement contre le vieillissement, et donc le laid.

L'écriture de Florence Muller et Eric Verdin ne laisse de côté aucun aspect, référence, lieux commun, ni calembour autours du thème. Sur scène, la même Florence Muller et Lila Redouane livrent une prestation très maitrisée, sur un plateau nu, avec pour seule aide bruitages et éclairages, toujours à propos.

Cette pièce, qui n'en finit plus de surprendre tant elle va toujours là où on ne l'attend pas, offre donc une parenthèse inédite de rire, sans oublier de bichonner, et la forme, et le fond.

Qu'on aime ou qu'on déteste, "La beauté recherche et développements" ne laissera personne indifférent, le spectateur étant de toute façon mis à contribution dans un recueil du Beau, qui conclut habilement le spectacle.