Il
ne change pas, Blurt.
Il a commencé avec cette belle école de groupes qui, au début des années 80, prenait le relais des punks et lançait la cold wave, mélange bizarre et intello, multi-forme et avant-gardiste, plein de génie et de désordre. Wire en était un des plus beaux fleurons et certains groupes - Cure, Simple Minds, U2 - surent bien en profiter avant de vendre leur âme au show-bizz.
Blurt lui n'a jamais approché des charts et s'en moque probablement. Mais quand il monte sur scène, après quelques minutes, le public branché du Nouveau Casino, fans et nouveaux-venus, vieillards et jeunes, tout ça se trémousse, emporté par son élan déchaîné. Le batteur et le guitariste tissent des rythmiques impitoyables de répétition et de régularité, rythmiques sur lesquelles Ted Milton - Blurt, c'est lui - éructe, hurle, déclame ses poèmes absurdes puis saisit son saxophone pour des impros free.
Ted Milton, géant de 61 ans, nous toise de ses yeux gris pâles effrayants. Il prend des poses. Il danse. Il prend des risques. Il est invraisemblable. Comme tout anglais en voyage, il trimballe autour de lui un petit morceau d'Angleterre. Son immense costume gris, sa coupe de douille invraissembable, c'est l'art-school, c'est les pubs, c'est Londres, c'est The Fall, Throbbing Grissttle ou This Heat en 80 et les tarés indus qui balançaient des machines à laver du haut d'échafaudages pendant les concerts…
Ted
Milton est-il fou ou fait-il semblant ? En tous cas, sans jamais
se poser la question de la mode ou du succès, imperturbable,
il est là. Fidèle. Et ca déménage.
Ce concert, c'est aussi l'occasion d'écouter le volume 1 du Best of Let There be Blurt - The Fish Needs A Bike. Ce premier volume compile les années 80, celles du début de Blurt, avec des titres phares comme "The Fish Needs A Bike ou Poppycock".
Que ce soit avec Jake Milton ou Paul Wigens à la batterie et Pete Creese ou Steve Eagles à la guitare (qu'il nous présente comme "la beauté pyroxidée"), Blurt reste le même inclassable et infatigable artiste.
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