La probabilité d’avoir une particule et des trémas et assez faible, mais elle existe, la preuve : Catherine Hervouët des Forges en fait partie. Mouais, je sais, ce n’est pas terrible comme remarque pour présenter un auteur mais au moins, ils feront l’effort de regarder les lettres et de lire son nom correctement.
La plume (ou le stylo) est son métier puisque madame est écrivain public, et autobiographe, autrement dit, elle écoute les histoires des gens et leur écrit une biographie souvenir ou une lettre de motivation, tout dépend de leurs envies. Et puis elle écrit aussi des livres avec les histoires qu’elle se raconte, comme La Dernière pluie.
Au départ, Aline, une jeune femme au QI naïveté surpassant les belles effarouchées de Barbara Cartland. Après s’être fait larguer après une histoire solide comme du béton, elle est manipulée par un assoiffé à la double vie. C’est donc triste comme un menhir qu’elle se réfugie chez une amie qui l’envoie en Afrique sur les traces de l’ex-copine du cousin du voisin de la boulangère du neveu de la pâtissière : Raphaëlle.
Perspicace comme vous l’êtes sûrement, vous avez deviné : simple prétexte pour aller faire un petit tour en Afrique, merveilleux pays couvert de soleil, de savane, d’éléphants sauvages et de bêtes sauvages, tendre Afrique où la démocratie n’est qu’un synonyme de dictature démocratique, douce Afrique où les hommes vont souvent voir ailleurs (puisque la polygamie n’est pas bien vue), belle Afrique où les femmes portent plein de bracelets en or sur leur peau bronzée, ont les seins gonflés, les hanches généreuses et les fesses de Jennifer Lopez. Pardon ? Des clichés ? Et oui, le livre en est truffé.
N’ayant jamais mis les pieds de ce côté-là de la Méditerranée, et ne comptant pas sur les journalistes pour en parler objectivement, je dirais sans trop me tromper que l’Afrique que je connais m’est donnée à travers quelques romans de passionnés. Mais Catherine Hervouët des Forges est plus passionnée par Aline (projection de ses fantasmes ?) que par le continent subsaharien.
Pauvre Aline, qui crève de chaud tout le temps, qui tombe amoureuse de tout le monde, et qui séduit tout le monde (sans le faire exprès ! Mince alors !), du ministre (super fou amoureux de la fameuse Raphaëlle d’ailleurs) au voisin de palier de l’hôtel (pas climatisé), en passant par l’exploitant de palmier local et au blanc expatrié du coin (qui a une maison climatisée). Oh la la, quelle tristitude, ne pas savoir où balance son cœur, le grand diplomate musclé ou le pauvre généreux aux grands yeux !
Non, personne ne m’a trompé sur la marchandise, le roman était prévu "sensuel au charme vénéneux", c’est vrai, mais c’était une jolie illusion de ma part de croire qu’Aline allait penser à autre chose (comme retrouver une femme qu’elle n’avait jamais vu ni connu) qu’à ses envies de sentiments. En même temps, je la comprends puisqu’elle rupturait avant de partir, on ne guérit pas de ça en recherchant une blonde inconnue.
Parfaitement, oui, c’est une histoire de goût, mais c’est un peu comme quand vous croyez mordre dans un délicieux fondant au chocolat corsé et que vous vous rendez-compte qu’il ne doit pas y avoir plus d’une cuiller de cacao dans la totalité du gâteau, et qu’il ne fond même pas dans la bouche… Je ne m’attendais pas à ça, je voulais la même histoire avec moins de cliché, plus d’Afrique, j’imaginais la quête intérieure plus développée, je cherchais des réponses à la rémission post-rupture… quelque chose de plus surprenant et moins insipide. Désolé Catherine. Une autre fois. |