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puce Les Monologues de Gaza
Théâtre Ashtar  (Editions L'Espace d'un instant)  juin 2013

ONG à but non-lucratif, le Théâtre Ashtar est né à Jérusalem, en 1991, sous l’impulsion d’Edward Muallen et d’Iman Aoun, deux comédiens Palestiniens, et s’est ensuite installé à Ramallah.

C’est après l’attaque israélienne sur la Bande de Gaza, en décembre 2008, que ce théâtre, rompu aux techniques d’art-thérapie et d’écriture en ateliers, a commencé à s’intéresser à la parole des adolescents gazaouis.

"Les Monologues de Gaza" est le résultat convaincant de ce travail dont le but premier est de redonner du sens et de l’espoir aux vies des jeunes Palestiniens "enfermés" dans le réduit gazaoui.

En libérant leur parole, en lui donnant la forme de monologues privilégiant l’expression orale, n’interdisant pas le parler populaire, la faconde, la tchatche, utilisant si faire se peut l’humour même pour parler des horreurs vues ou vécues, ces trente-trois récits sur une situation grave et désespérée s’ajoutent, se correspondent, se répondent, pour aboutir à une œuvre collective unique en son genre.

Il faut être particulièrement insensible et mal intentionné pour considérer ce qu’ils s’expriment comme des textes de propagande. Jamais haineux, toujours soucieux de saisir une vérité qui doit être enfin dite, enfin propagée, pour qu’on puisse comprendre ce que ces jeunes garçons et filles ont souvent refoulé au plus profond d’eux-mêmes, ces textes touchent. Ils fourmillent de mille réflexions que l’on s’en veut de ne pas avoir eu quand les médias, dans la prétendue objectivité du commentaire brut, donnent les résultats chiffrés d’un bombardement ou d’une expédition punitive.

On découvrira, par exemple, que les enfants pensent autant la guerre qu’ils la subissent. Ainsi, dans son monologue, Ahmed Al-Razi analyse avec une sacrée lucidité ce qu’il vit : "Tous les trous ont un fond, mais Gaza, non, elle n’a pas de fond. Quand je suis tout seul, je suis envahi par les pensées, elles m’emportent où elles veulent. Je pense à tout : au pays, à notre maison, à moi-même, mais ça ne me mène jamais à rien. La plupart du temps, je suis comme ça, tout seul et complètement déprimé."

Quant à Amjad Abou Yassine, il confirme ce qu’on n’ose jamais dire clairement  : " La guerre est venue est repartie, mais on vit toujours avec elle. Et les victimes, ce sont toujours les plus pauvres et les plus misérables, ceux qui n’y sont pour rien. Même quand il y a un tremblement de terre ou des inondations quelque part, ce sont toujours les pauvres qui payent les pots cassés. C’est comme s’il y avait une conspiration universelle contre eux" ?

On sera aussi étonné par la propension des jeunes gazaouis à ne pas s’appesantir sur leurs malheurs personnels. S’ils admettent qu’ils souffrent ou qu’ils dépriment, ils ne dépassent pas ce constat, ne s’apitoient pratiquement jamais sur eux-mêmes et n'écrivent pas pour qu’on les plaigne.

Au contraire, ils mettent plutôt en avant la compassion qu'ils éprouvent pour les autres, en particulier pour les Palestiniens qui vivent hors de Gaza, comme le fait Fatima Abou Hachem : "Quand je parle avec des enfants palestiniens qui vivent en Europe, je suis triste pour eux et je n’aimerais pas être à leur place, parce qu’ils sont en exil."

À la lecture de ces textes, difficile de ne pas être en empathie avec leurs auteurs. On aimerait que les enfants d’ici aient connaissance du sort et de la parole de ces enfants d’ailleurs ; on aimerait que "Les Monologues de Gaza" soient plutôt choisis pour éveiller l’esprit de tolérance des enfants que des textes désamorcés ou bien-pensants comme "Matin brun".

Car, bien entendu, si "Les Monologues de Gaza" ont un caractère universel, que les enfants de Palestine ont des petits frères eux-aussi sous les bombes et les bottes dans d’autres contrées, il ne faut pas oublier que le théâtre à Gaza reste un cri, un appel au secours et pas simplement une œuvre à l’esthétique simple et belle à destination de tous les enfants du monde.

Les enfants qui parlent dans ces textes vont grandir et si on ne les écoute pas au moment où ils les récitent et les interprètent, ils utiliseront bientôt d’autres armes que les mots pour se faire entendre.

 

Philippe Person         
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