Joseph Leon a quitté son poste dans le juridique pour embrasser la carrière de ménestrel, un peu comme le criminel qui, juste avant de se faire rattraper par la justice, s'engage dans la légion étrangère. Pour conserver sa liberté, pour échapper à un destin. Joseph Leon sortait alors un premier album, un beau premier album qui a marqué ceux qui l'ont écouté. Malheureusement pour lui, ils n'ont pas été nombreux.
Tombé au champs d'honneur, il aura fallu quatre ans à cet artisan du folk pour se relever, panser ses blessures, se remettre d'aplomb. Quatre années durant lesquelles il a écrit des cartes postales des Amériques. Pas d'une Amérique unique et indivisible, mais bien de lieux divers, comme si le franco-libanais avait durant ces années de silence traversé d'ouest en est le continent américain.
Après un passage par Haight-Ashbury, les paysages lumineux, californiens de "The Holiday Song", il commence son voyage et s'enfonce dans les terres. A la folk ("Mother Earth") succède la bluegrass ("Sophie's Tune"). Joseph Leon atteint alors la Bible Belt ("A Good Time To Pray"), s'inspire du blues du sud ("The Bare Awakening") puis rejoint la côte est ("God's Forgotten Daughter") avant de remonter vers New York, ses clubs de jazz teinté de son cubain ("Search You Will Find") et de se retrouver coincé à l'intérieur du CBGB's ("Let Me Out"). Voyage rêvé, voyage intérieur. Voyage d'un homme qui revient de loin, qui a parcouru de miles pour revenir à la réalité.
Au-delà de la musique, Joseph Leon avec ce disque raconte élégamment le parcours d'un homme qui se relève, nu face à la vie, se reconstruit et apprend à nouveau à affronter la violence du monde. |