En intitulant son second opus Olympia, les membres du groupe Austra faisaient-ils référence à la demeure céleste des dieux grecs ou renvoyaient-ils au processus de création de l’album et à la rumeur attribuant le titre à la naissance d’un enfant ? Quoi qu’il en soit, comme un Prométhée "empruntant" le feu aux divinités de jadis, Olympia emprunte à son tour des techniques à d’autres, voire à une époque révolue, puisque la grande majorité des titres sont enregistrés live. Autant dire que la méthode revêt un caractère courageux à l’heure du tout automatique. Louable même, puisque Katie Stelmanis affirmait être à la recherche d’un son plus vivant et organique. Bref, elle voulait insuffler un nouveau feu dans cet album.
Exit l’image de la musique électro gothique de Feel It Break, le premier album sorti en 2011 et bonjour la lumière. Celle des pistes de danse bien évidemment. Cette facilité à pousser les gens sur leurs deux pieds, Austra l’effleurait du bout des doigts déjà sur des titres comme "Young and Gay" et "The Beat and The Pulse" et prouvent à eux deux, que le tournant pris par le groupe tient plus d’une évolution que d’une révolution.
Ainsi, le second single de l’album, "Painful Like", concentre sur sa ligne de basse infectieuse cette double volonté d’insuffler de la vie dans une composition, ainsi que de mobiliser les muscles des dance-floors.
Plus loin, la portée des paroles dessine un nouveau profil à Stelmanis, se permettant de critiquer les anti gays (menaçant d’enterrer les esprits trop étriqués dans "Painful Like") et plus généralement de traiter de sujets plus personnels et surtout plus sombres (la solitude et les malheurs amoureux étant majoritairement exploitée) !
On retrouvera aussi çà et là ce qui avait charmé dans Feel It Break : une construction électro hantée parfois proche de The Knife (voire même de Fever Ray) comme sur des titres comme "Home" ou "Fire" sur lequel le piano / synthé impose une profondeur, familière au premier album et qui se morphe peu à peu en un tout groovy et mélodieux.
C’est que lors de l’enregistrement, le groupe voulait à tout prix capturer une ambiance propre aux clubs (façon fin de soirée, certes) et a donc très justement réussi à insuffler cette énergie par touche parcimonieuse au travers de l’album. Il suffira pour s’en convaincre d’écouter le dernier single en date : "Forgive Me".
En élargissant l’horizon de ce second album tant grâce à l’instrumentalisation que via les paroles, Austra s’offrait un opus fringant et accrocheur d’une part, mais aussi beaucoup plus personnel ! Deux aspects qui cohabitent sans difficulté et qui désignent Olympia comme une étape charnière dans la discographie d’Austra. |