Lors d'un concert, les oreilles du petit reporter sont des vagins qui ne demandent qu'à être pénétrés. Du coup, True Widow fut une vraie découverte ce soir. Ce trio, composé d'un guitariste, d'une bassiste et d'un batteur, pratique une musique que l'on pourrait qualifier de Doom Pop, tant il semble être le chaînon manquant du darwinisme musical situé entre "Earth" et "Hole".
Le groupe joue lentement mais sûrement, avec une puissance sonore overdosée d'overdrive. Prouesse d'ailleurs car il est difficile de tenir un rythme lent, mention spéciale au batteur et ses breaks flâneurs à la limite de l'autisme.
Kurt Vile est un mec cool, un mec qui a la classe, et donc l'un des derniers cadors de cette affaire rock'n'roll. D'ailleurs, il ne fut pas surprenant de le croiser au premier rang du public lors du concert des True Widow, cheveux en bataille, cancerette 2.0 au bec et jouant virtuellement les accords du guitariste.
Le kid débarque, l'alcool aux veines, Red Bull en main : "If anybody have a real cigarette... threw it on the stage". Le show débute avec "Wakin On A Pretty Day" du dernier opus en date Wakin On A Pretty Daze, l'un des meilleurs de cette année 2013. Le son est ample, l'interprétation fragile et l'émotion débute. Kurt Vile pratique le spleen urbain et transcende la solitude des sommets, celle des gratte-ciel, celle du dernier étage d'un loft aérien. On enchaîne avec "KV Crimes", riff stonien en diable à la limite de l'hymne de stade.
Il y a du neuf du côté des Violators, avec l'apparition d'une basse Rickenbaker. Ce qui structure le brillant travail accompli sur les harmonies de guitare, avec une parfaite rondeur, même si une guitare baryon reprend parfois le relais. Le batteur est lui aussi nouveau et, par ailleurs, une véritable machine à battre. La section rythmique est donc très solide, parée à n'importe quelques débordements et autres dérives soniques du chevelu de Philly. En revanche, le fidèle et excellent Jesse Trbovich est toujours de la partie pour notre plus grand plaisir.
Retour en arrière de deux ans avec des extraits du précédent album Smoke Ring On My Halo, chef-d’oeuvre de Kurt Vile, dont le mélancolique "On tour" et le tubesque "Jesus Fever".
Retour en 2013 avec "Girl Called Alex" et son riff lancinant mais surtout "Goltone", titre épique de plus de dix minutes qui est potentiellement le meilleur morceau du dernier disque, moment de bravoure donc, les poils se dressent.
Vient alors le moment acoustique du concert, Kurt Vile s'empare d'une folk en open tunning et propose plusieurs morceaux en finger picking "Peeping Tomboy", et l'incroyable "Feel My Pain" du récent EP It's A Big World Out There (And I Am Scared).
Le groupe remonte sur scène pour "Was All Talk", puis s'empare des deux morceaux d'anthologie du disque Childish Prodigy avec un "Hunchback" de feu, et bien évidemment du fameux "Freaktrain" survitaminé ce soir, avec un solo de free sax aussi épique que bruitiste. Mur de son et concerto de larsen sont au rendez-vous, cela est purement jouissif !
Fin du concert avec une version électrique de "Runner Ups" puis en conclusion un dernier morceau solo qui d'après la setlist s'intitule "I like Turtles". Kurt Vile, malgré sa fragilité, a une nouvelle fois donné un excellent concert, l'on regrettera tout de même sur la setlist des morceaux comme "Baby's Arms" ou "Society Is My Friend", mais bon il en faut pour tout le monde, et les morceaux du dernier album furent admirablement bien interprétés. Cela confirme bel et bien que Kurt Vile est un artiste actuel important et sera à n'en point douter l'un des sauveurs du rock avec Ty Segall et autres Thee Oh Sees.
Merci au Grand Mix, pour cette dernière belle affiche de l'année 2013, les oreilles du petit reporter ont plus que jamais toutes jouies.
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