Alors que Neil Young capitalise sur un passé flamboyant, avec raison vu le Live At The Cellar Door datant de 1970 paru dernièrement, Nick Cave sort quant à lui un live presque tout chaud, puisqu’enregistré dans les studios de la radio californienne KCRW à Santa Monica, entre deux apparitions au dernier festival de Coachella. Un disque live qui vient clore ce qui restera une année remarquable pour le chanteur, avec un très bon album Push The Sky Away et une tournée couronnée de succès.
Ce Live From KCRW n’a absolument rien d’anecdotique et n’est pas un simple cadeau de Noël. D’abord, il faut souligner une superbe production, feutrée et chaudement enveloppante qui irradie des compositions déjà de hautes volées. Ensuite, cette session enregistrée à cinq musiciens, et non à huit comme sur la tournée, permet d’entendre de nouveaux arrangements, plutôt épurés, dans une atmosphère assez proche du dernier album, merci au travail fondamental de Warren Ellis. Ici, on se love dans des ambiances profondes et sombrement ouatées, souvent aériennes, presque intimes, mais constamment d’une classe énorme.
Impossible de ne pas frissonner à cette version crépusculaire piano - violon - voix de "The Mercy Seat", qui n’est pas sans rappeler quelque part celle totalement habitée de Johnny Cash. Les autres titres ne sont pas en reste, "And No More Shall We Part", "Higgs Boson Blues", "Push The Sky Away", le trop rare et troublant "Stranger Than Kindness" font voltiger nos émotions quand "Jack The Ripper" retrouve quant à lui une énergie électrique.
Tout en nuance et en élégance, ce Live From KCRW, qui donne l’impression fantasmagorique d’avoir un Nick Cave, plus crooner que rocker, re-merci Warren Ellis, et les Bad Seeds dans son salon, est un must have pour tous les fans du chanteur et pour les autres aussi naturellement. |