J'ai toujours eu un faible pour la musique de ce Suisse très discret et pourtant productif, puisque son précédent disque date d'à peine un an. De ses débuts très expérimentaux à ce disque, il y a eu pas mal de chemin parcouru. Il faut dire que le premier contact avec Tree of them pouvait s'avérer pour le moins ardu et l'album aride. Mais déjà avec The Boy who cried wolf, on sentait que Frédéric Merk ouvrait ses compositions à des oreilles moins audacieuses. Une ouverture intelligente qui ne délaissait pas pour autant les fans des premiers instants. The Boy who cried wolf mêlait ainsi expérimentations osées et mélodies accrocheuses.
C'est donc dans cette lignée que cet album persiste et ce pour notre grand plaisir puisqu'il est particulièrement réussi. Plus de cohérence entre les morceaux, une maîtrise des sons jusqu'à arriver à un dépouillement quasi total comme sur "Mon ami je..." et ses notes de piano parcimonieusement dispensées par dessus une discrète ambiance sonore très cinématographique.
Même si on peut parler de folk à la base de la musique de 17f, à l'image du superbe "Hold me" dans la lignée de Spain ou Sophia, Frédéric Merk se permet quelques incursions en territoire électro rock avec "Lumière directe" qui fait beaucoup penser à Archive, même si la fin est radicalement différente et retourne sur un terrain très cinématographique.
Beaucoup moins expérimental donc, dans la mesure où il y est aisé de se laisser bercer par les mélodies quelque part entre Nick Drake et Matt Elliott, voire The Durutti Column comme sur le très planant "Land", Son of a River n'en est pas moins un album riche et enrichissant, invitant autant à la détente qu'à l'introspection.
Ce disque est de ceux qui s'écoutent avant tout en solitaire, fort ou au casque, en se projetant des images au sens propre ou encore mieux seulement dans votre imaginaire. Paradoxalement, il est fort probable qu'en live, entouré pour le coup d'autres personnes, la musique de 17f soit également envoûtante et propice à une certaine osmose et un de ces voyages immobiles que l'on ne fait que trop rarement. |