Comédie dramatique écrite et mise en scène par Yann Reuzeau, avec Salima Boutebal, Emmanuel de Sablet, Laurent Orry, Morgan Perez, Leila Seri et Sophie Vonlanthen.
De son précédent opus intitulé "Chute d'une nation", saga théâtrale en quadriptyque qui disséquait les jeux et enjeux du pouvoir à travers le destin individuel de personnages de la sphère de la politique politicienne, Yann Reuzeau décline les grandes lignes dans le monde de l'entreprise dans "Mécanique instable".
Sous forme d'une partition unique, il raconte l'aventure, sur deux décennies, de salariés engagés dans l'aventure du rachat de leur entreprise, suite à sa vente par un patron (Laurent Orry) qui pense avoir la carrure d'un capitaine d'industrie et veut s'investir dans des projets de plus grande envergure.
Le directeur commercial qui ronronne (Emmanuel de Sablet), l'ingénieur-concepteur stressé et manquant de confiance en lui (Morgan Perez), la secrétaire multi-tâches idéaliste (Sophie Vonlanthen), la représentante énergique des ouvriers (Salima Boutemal) et la nouvelle aide-compable d'origine maghrébine ambitieuse en quête de reconnaissance (Leila Seri) se trouvent donc confrontés aux difficultés de la gestion effective d'une société coopérative et participative.
Car ce mode de management de l’entreprise privée est néanmoins soumis aux impératifs de rentabilité économique et, de surcroît, aux inconvénients et dérives inhérentes à la gouvernance démocratique.
Indiquant qu'il n'a pas une connaissance personnelle du monde de l'entreprise, Yann Reuzeau utilise ce dernier, à l'instar du nom du mystérieux produit innovant fabriqué par la société, le "Macguffin", comme toile de fond pour explorer la mécanique instable de l'humain.
A travers des épisodes conflictuels sur le rapport au travail, l'instauration d'une nécessaire hiérarchie et le pouvoir, et les relations professionnelles pseudo-amicales, il analyse des comportements, des choix et des positions qui sont grandement influencés, sinon déterminés par leur vécu personnel et intime et, surtout, en cas de conflit, par la primauté de l'individualisme sur le collectif.
Mise en scène de manière cinétique par l'auteur dans un décor très sobre conçu par Philippe Le Gall comme un assemblage d'espaces scéniques évoquant un open-space, cette comédie de la vie au travail est portée par une belle et judicieuse distribution. |