Difficile d'aborder ce livre sans de nombreux a priori dès la découverte de la couverture.
D'abord les deux noms qui signent ce court ouvrage d'une petite soixantaine de pages format poche, écrit gros et aux marges trop larges ne sont pas inconnus. Il y a d'une part Nicolas Rey, l'écrivain demi-mondain abonné aux plateaux de Canal+. Demi-mondain parce qu'il semble passer la moitié de son activité à expliquer ses addictions passées dès qu'on lui tend un micro, soit bien plus de temps que derrière son traitement de texte. La mèche grise savamment ébouriffée et promenée devant toute caméra allumée qu'il croise lui donne l'image qu'il est à la littérature ce que BHL est à la philosophie, un personnage médiatique dont la profession est connue car imprimée à l'écran sous son nom. Cependant aujourd'hui plus personne ne semble capable de citer le moindre de ses ouvrages.
D'autre part, le second nom inscrit sur la couverture du livre est celui d'Emma Luchini, compagne de Nicolas Rey à la ville, et fille de..., cinéaste qui à son actif trois courts et un long (comme on dirait devant la machine de Caméra Café au rez-de-chaussée de M6) dont encore une fois personne n'est capable de citer un seul titre. On la classe volontiers plus facilement dans les personnalités qui ont acquis leur talent à travers un acte administratif de naissance que dans la grande famille des artistes. A longueur de gazettes, ce couple étale donc le drame de sa notoriété improductive.
Ce court ouvrage ressemble à s'y méprendre à un clou supplémentaire à planter dans le cercueil de l'intérêt qu'on pourrait porter à l'un ou à l'autre des auteurs. Scénario d'un court-métrage tourné par Emma Luchini pour Canal+, avec Nicolas Rey pour acteur principal, le texte a pour personnage principal un écrivain addict qui, le temps d'une nuit, imaginera en compagnie d'une inconnue la vie d'amour qu'ils auraient pu vivre ensemble.
La patte de Nicolas Rey est bien présente puisqu'il nous ressert, comme dans son précédent roman, L'amour est déclaré, et malgré le minuscule nombre de signes pour composer le texte, ses obsessions pour Virginie Efira, présentatrice de M6, et pour la sodomie. Au milieu de ce texte où une fille "habillée en fluo" écoute de la "drum'n bass" et roule "en scoot", ce qui montre à quel point les auteurs sont déconnectés de la réalité, l'extrait le plus construit semble être le message du répondeur téléphonique, répète deux fois en trois pages sur cinquante.
Ce genre d'ouvrages désespère du monde de l'édition et de la production cinéma en montrant de manière évidente qu'un carnet d'adresses bien fourni vaut mieux que du talent. |