En 1989 sort le quatrième album du groupe de Leeds. Après les époustouflants Tommy (compilation) et George Best ainsi que l'intriguant et anecdotique Ukrainski Vistupi Vs Johna Peela, The Wedding Present sont au sommet de leur succès et vont réaliser la prouesse de garder le côté punk et expéditif de leur début tout en basculant dans un rock plus sombre qui préfigure la tempête de 91.
Tout commence par "Brassneck", enregistré avec la collaboration, pour la première fois, de Steve Albini. Tout le charme du groupe est dans cette chanson et le public ne s'y trompe pas. Les guitares ultra-rapides et les histoires d'amour à la Gedge font monter le titre dans les charts anglais.
Les titres suivants sont de la même veine avec une mention spéciale pour "No" qui parvient à masquer les coups de poignet au profit d'une mélodie imparable tandis que le tournant de l'album arrive avec "Kennedy". Le son y est plus brut, la batterie omniprésente et la guitare rythmique si spécifique s'adjoint les services d'une distortion. Nous avons même un solo voix-batterie avec le final.
Terminées les chansons pop trop simples, l'écriture est plus recherchée et la puissance brute débarque sur le disque. La pression ne retombe pas avec les chansons suivantes pour atteindre les sommets avec le terrifiant "Bewitched" et son escalade dans le son et le break silencieux qui précède le coup de grâce ainsi que sur le morceau de bravoure, plus gai, qu'est "Take me" et son interminable (mais tout à fait supportable) final.
Bizarro est véritablement un album charnière dans la carrière du groupe. La première partie du disque regarde vers le passé, vers la pop punk à guitare tandis que la seconde se voit déjà dans l'avenir, dans un univers sombre encore plus proche du Velvet où les guitares se font plus lentes, plus déchirées et où l'univers de Gedge trouve encore mieux sa place.
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