"L’enfer en héritage". Oui, c’est possible, quand on est le Neveu d’Hitler, le fils de la sœur du croque-mitaine à la moustachette la plus ridicule : l’affreux Adolf H. Et c’est Bob Martin qui s’y colle. Je vous rassure, il a eu une bonne note.
OK, trêve de plaisanterie, on ne rigole pas avec "ces choses-là". Bob Martin est passionné depuis toujours par la seconde guerre mondiale, qu’il n’a pas vécu, mais qu’il a pu sentir dans les veines de son pays. Ce roman est le fruit de cinq années de recherche. Et il n’est pas un énième roman sur la seconde guerre mondiale. De toute façon, tant que des gens, anonymes et éminents personnages continueront d’évoquer cette fastueuse boucherie, nous avons encore une chance de nous en sortir, et que la clairière au bout du sentier s’approche paisiblement.
Sans wagon à bestiaux. Sans quartiers. Sans tri. Sans critères. Sans saluts. Sans cris. Sans aboiements. Sans four. En voilà une belle utopie, mais ce n’est pas le propos. Hitler, cet odieux personnage avait une famille, une sœur, un neveu. Pas de bol pour lui, il a le physique d’un parfait coupable, à croire que la propagande anti-juive a choisi son visage pour illustrer la race à radier de la surface du globe.
Mais tonton Adolf lui a tout de même procuré un laissez-passer, histoire qu’il ne se fasse pas arrêter. C’est donc par un concours de circonstance qu’August (le neveu) est déporté, classé, trié, tondu, mis en pyjama, une pelle à la main, et hop, creuse jude ! Si vous avez un minimum de sensibilité, vous ne comprendrez pas non plus pourquoi les camps de concentration.
Nés après le charnier, nous trouvons les cicatrices atroces, Bob Martin nous rappelle qu’avant la cicatrice, il y a la plaie. Et quelle plaie ! Le récit est entrecoupé de "gros plan", sur la Gestapo, sur les juifs de Berlin, sur la maladie d’Hitler, sur Himmler, sur les transports aux camps, sur la sécurité à Auschwitz. Il s’agit de documents affreusement objectifs sur les moyens employés et les personnes engagées dans la traque aux juifs.
C’est atroce. Déjà qu’August décrit suffisamment bien la vie dans les camps, avec les horreurs comme elles viennent et les joies comme elles s’en vont. Je ne sais pas quel mot est assez fort pour décrire la réalité là-bas. Parce que vous la ferez entrer dans votre maison si vous lisez le livre. Mais vous pourrez le refermer, en sachant qu’eux n’avaient pas d’issue. L’espoir prend une autre dimension dans cet état.
N’en aurons-nous jamais assez dit à propos de la seconde guerre mondiale ? Arriverons-nous un jour à admettre que nous ne sommes que des moutons ? C’est celui qui braille le plus fort qu’on suit ? Même s’il a tort ? Même s’il se prend pour Dieu en personne ? Et même si Dieu n’est pas toujours un chic type, ce n’est pas lui qui commande la tectonique des plaques et les tsunamis.
Bob Martin ne fait pas que retracer minutieusement la face autrefois oubliée des camps de concentration, il nous demande encore une fois de jeter un regard en arrière, juste le temps de ses pages, pour nous mettre en garde envers nous : les colonisateurs de la Planète des singes. Damned ! Nous sommes perdus !
Disons que l’humanité s’est réveillée avant qu’il ne soit trop tard, puisque nous sommes là les z’amis.
N’oubliez pas, vous auriez pu être le neveu d’Hitler. |