Du post-rock dans un champ de mines… Comme son nom l’indique, ce disque n’a rien de réjouissant. C’est la musique du chaos, de la désolation, de l’effroi, celui qui te glace le dos comme pouvait la pluie hivernale glacer le dos des soldats dans les tranchées. Ce disque sonne comme si vous étiez le dernier homme sur terre. Post apocalypse, post traumatisme.
Gabriel Saloman est un musicien et artiste résidant à Vancouver, sa carrière couvre quinze années de musique expérimentale, noise, conceptuelle et improvisée mais c’est surtout pour son travail en duo avec Pete Swanson au sein des Yellow Swans qu’il est reconnu. En solo maintenant, le Canadien nous livre ici son second album.
Le malaise s’installe dès les premières secondes de "Mine Field", long couloir anxiogène entre drone et minimalisme où suintent la mélancolie, l’angoisse et l’oppression. "Marching Time", pièce uniquement composée de percussions avance comme la bête humaine. C’est le tonnerre, les explosions, le bruit des bottes. Le calme, comme une élégie morbide de "Boots On The Ground" ne sera qu’un apaisement tout relatif. Aux touches musicales éparses succède le grondement. Le dernier titre "Cold Haunt" imprime une musique répétitive autour des notes de si bémol, si, mi bémol, ré glissant lentement vers le silence.
Si on pense parfois à Tim Hecker, Godspeed You ! Black Emperor, A Silver Mt. Zion (sans la dimension sociale) ou Lubomyr Melnyk, Saloman varie les patterns, les ambiances, les textures et les sources sonores pour nous enfermer, en chien de fusil, presque en position de stress dans une boîte noire : le cerveau d’un soldat. |