Le défilé d'attelages richement parés de panneaux laqués dans la Grande Nef du Musée des Arts Décoratifs annonce la couleur, ou plutôt le siècle.
Car l'exposition "Les secrets de la laque française" co-organisée par le Lackkunst Museum de Münster et le Musée des Arts Décoratifs de Paris, propose une immersion dans les fastes décoratifs du 18ème siècle.
Et ce sont plus de trois centaines de pièces significatives que les commissaires Anne Forray-Carlier, conservatrice au Musée des Arts décoratifs et Monika Kopplin, directrice du Lackkunst Museum de Münster ont réuni pour évoquer la technique représentative du luxe et du raffinement en ce siècle et la production des peintres vernisseurs parisiens à travers celle des célèbres frères Martin.
Le vernis Martin : le raffinement de l’art décoratif français.
Initialement destinée à suppléer au coût élevé des laques japonais et à la piètre qualité des laques chinois d'importation en pleine période d'engouement pour les "chinoiseries", la laque française a connu un essor fulgurant, en premier lieu, en raison des novations qu'elle apporte.
Celles-ci tiennent notamment à l'introduction de la couleur et au renouvellement de l'iconographie.
Car en alternative au décor à l'asiatique, comme celui des monumentaux panneaux de l'Hôtel de Richelieu, sont proposés des paysages à la française et des scènes de genre inspirés des thèmes picturaux de l'époque en adéquation avec le style Rococo.
Une autre innovation tient à la production d'objets en tôle laquée qui dans le domaine des arts de la table offrant un substitut à la fragilité de la porcelaine.
En second lieu, la laque se diffuse dans tous les arts décoratifs autre que le domaine de prédilection qu'est le mobilier et même ceux inattendus des instruments de mesure et de musique.
Et ce, de l'objet le plus modeste en taille, telle une bobine de fil, au plus imposant tels carrosse, berline, chaise à porteur et d'étonnants traineaux pour patineurs.
Dans le domaine de la bijouterie de luxe, pour personnaliser cadeaux et présents, la laque, qui ajoute la technique de la grisaille à son catalogue, se substitue aux émaux.
Elle fait merveille sur le couvercle des boites, des tabatières et des médaillons, orne les étuis et nécessaires et magnifie les bonbonnières.
Pour côtoyer le raffinement d'un siècle qui sera à l'honneur en 2014 avec la réouverture des salles dédiées du Musée du Louvre et l'exposition " Le 18ème aux sources du design" qui se tiendra au Château de Versailles et présentera les chefs-d'oeuvre du mobilier 1650 à 1790. |