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Interview  (Paris)  lundi 17 février 2014

Nouveau prolongement de Têtes Raides, la boutique La Niche, 23 rue Faidherbe 75011 Paris, est le lieu de la rencontre avec Christian Olivier. Une sélection de livres, des créations des Chats Pelés, et les disques du label Mon Slip, les albums de Têtes Raides, Jean Corti… et le quatre titres de La Demoiselle Inconnue. J’ai juste le temps de recommander à Manon le livre de Lola Lafon, Nous sommes les oiseaux de la tempête qui s’annonce chez Flammarion, exposé en devanture avant d’enchaîner l’interview avec Christian Olivier après la séance de photos.

Les Têtes Raides ont commencé en 1984.

Christian Olivier : Voire même Têtes Raides tout court.

Cela fait 30 ans.

Christian Olivier : Avril 84 : basse, guitare, batterie, Jumping Jack Flash, Johnny be good, London Calling, Rudy des Specials. Juillet 84 : un saxophone nous rejoint, on est quatre et on commence à faire des concerts. Et il y a déjà un décors de Chats Pelés.

Vous pensiez en tant que collectif avoir une telle longévité ?

Christian Olivier : Non, on ne se posait pas la question et on continue à ne pas se poser la question. Tant qu’il y a un projet qui tourne, on est là. On fait les choses.

Les Terriens sortent ce mois-ci.

Christian Olivier : C’est le treizième album studio après Corps de Mots, sorti en avril 2013. On attaque 2014 avec le débarquement des Terriens.

Qu’est-ce qu’on apprend du métier après toutes ces années ?

Christian Olivier : On apprend tous les jours. Chaque nouveau projet nous apprend des choses artistiquement, musicalement, dans le travail en général. On ne sait toujours pas si c’est un métier. Il faut faire ce que tu as envie de faire, en gardant une totale liberté dans le travail artistique. Le travail artistique c’est la musique, le visuel et le fonctionnement d’une équipe sur la route, avec les gens avec qui j’ai envie de travailler. Choisir ce qu’on a envie de faire, avoir une liberté de travail, c’est une chose qui vaut énormément cher. C’est du luxe. Pour moi, c’était comme ça dès le départ.

Et les modèles de parcours artistiques, c’était davantage ceux en provenance de l’Angleterre ?

Christian Olivier : Non c’est partout, les modèles artistiques ne sont pas que dans la musique. Les gens dans la littérature m’ont plus donné envie de faire de la musique que des musiciens m’ont donné envie de faire de la musique. Ou des gens de cinéma. Quand j’ai vu mes premiers films de Godard, cela m’a peut-être donné envie de faire de la musique. La musique peut venir du cinéma, de la littérature. On ne fait pas de la musique parce qu’on a écouté de la musique. Moi je ne pense pas. On peut l’être, mais ce n’est pas juste parce que j’ai écouté de la musique que je me suis mis à faire de la musique. C’est un ensemble de choses.

C’est aussi un travail collectif.

Christian Olivier : Bien sûr. Dès le départ, il y a une équipe de gens et ça a bougé Têtes Raides, dans le collectif. Le travail commence avec l’écriture des chansons, moi j’arrive déjà avec cette matière là. Et étant un Chat Pelé, il y a à la fois l’aspect graphique avec le texte, les mélodies. Et le collectif commence à intervenir. Les gens qui sont passés dans Têtes Raides, il y a toujours une histoire très forte avec eux. Quand on joue la musique Têtes Raides, l’implication est très forte. Chacun apporte son style, son jeu, ses idées et tout ça prend forme.

Les Terriens est plutôt électrique.

Christian Olivier : C’est plus sur des guitares. Avec Seb Martel et Daniel Jamet qui sont venus en studio. Cette idée de guitare est venue dès l’écriture des morceaux, composés à la guitare. Avec Corps de Mots, le travail des poètes mis en musique par Têtes Raides, on a travaillé autour des cordes, violoncelle, cuivre et plutôt acoustique. La suite arrive avec Les Terriens et l’envie arrive d’ouvrir un espace sonore avec des guitares, différent de ce qui y a eu avant.

Et intervient le producteur Mike Cresswell.

Christian Olivier : Le producteur de son. Il a un rôle essentiel pour capturer le son du disque. Déjà il a été enregistré assez live. C’est lui qui a fait le mixage et il est allé dans le bon sens, celui que l’on recherchait.

Est-ce qu’il connaissait votre travail ?

Christian Olivier : Non et je ne le connaissais pas du tout. C’est ça qui m’intéressait. Il ne parle pas un mot de français et moi je parle super bien anglais. Donc on a parlé franglais…La langue, ce n’est jamais une barrière. C’est un mec qui vient plutôt du hip-hop, donc chanson française rock il n'avait jamais vraiment touché. C’était un échange, il n'y a pas de passif on est sur un terrain vierge, c’est ça qui est super. C’est Seb Martel qui le connaissait.

Et ça reste un album de Têtes Raides ?

Christian Olivier : Cela reste Têtes Raides. Seb Martel et Daniel Jamet ne vont pas nous suivre sur la route parce qu’ils ont d’autres projets. On est rejoint par un super guitariste Mike Ravassat, qui fait la guitare sur scène. On est 6 : basse, guitare batterie et Roch Havet qui fait les claviers et du piano sur l’album.

Tu peux nous parler de La Demoiselle Inconnue qui vous rejoint ?

Christian Olivier : Elle est venue à La Niche poser un bout de CD , elle voulait travailler avec Mon Slip, le label de musique. On a déjà produit Loïc Antoine, Jean Corti, etc. On a sorti un quatre titres avec la Demoiselle Inconnue et elle va enregistrer un album au printemps qui sortira fin 2014. Et elle va faire les premières parties sur quelques dates de Têtes Raides. C’est une super écriture, elle a son univers à elle, une personne exigeante et simple en même temps. Je ne sais pas ce qui se passera mais il va se passer quelque chose pour elle.

Est-ce que le fait de sortir de Corps de Mots à partir des poèmes a modifié l’écriture de l’album les Terriens ?

Christian Olivier : Ce sont des gens que je côtoie depuis 30 ans : Genet et Le Condamné à Mort, Camus, Prévert, Lautréamont. Ce sont tous ces gens qui m’ont nourri au départ. Le fait de s’être plongé complètement a peut-être fait bouger l’écriture vers ça. Un album Têtes Raides, c’est toujours la continuité de ce qu’il y a eu avant. On emmène chaque fois Têtes Raides dans des univers différents, cela a pu être l’univers du cirque et ses fanfares. Dans les Terriens, c’est plus du côté du cinéma. Il y a un travail de vidéo qui est assez important et qui intervient sur scène. Les Terriens déboulent mais ils sont en train de partir vers une autre galaxie.

Je trouve que Têtes Raides seraient entre Les Fabulous Trobadors et Allain Leprest.

Christian Olivier : On me l’avait jamais dit. C’est bien, c’est très bien. Et ça peut se situer carrément ailleurs. Ce sont des gens avec qui on a travaillé et cela s’est super bien passé, on est plutôt sur la même branche.

Le titre "Alice", c’est celle de Lewis Carroll ?

Christian Olivier : Il y a plein d’autres Alice. Lewis Carroll c’est sympathique mais des Alice il y en a plus que plein. Cette chanson est assez mystérieuse. Chacun son Alice. En la réécoutant, je me suis dit que cela restait très mystérieux.

Sur le titre "Mon carnet", j’ai pensé à Eluard et "Sur mes cahiers d’écolier j’écris ton nom Liberté". L’amour et la liberté : c’est la même chose ?

Christian Olivier : Dans liberté il y a obligatoirement Amour et probablement que dans Amour il y a liberté qui arrive. Dans cette chanson, c’est aussi une certaine folie, une quête de beauté, une quête de quelque chose.

Sur le titre "L’au-delà", Pierre Dac : "Je préfère le vin d’ici à l’eau de là". Il y a un peu de ça dans "L’au-delà".

Christian Olivier : Moi aussi j’aime le bon vin. Avec Pierre Dac, on devrait pouvoir s’entendre. Oui il y a de ça dans la chanson. "J’aime la vie qu’est pas d’ici et tes lèvres bien aussi", ça peut se rapprocher du bon vin.

Sur l’écriture, tu préfères le langage populaire, est-ce un refus d’une langue savante et autoritaire ?

Christian Olivier : Encore une fois il n’y a pas de concept dans ce que je fais. Ce ne sont pas des choses que je pense avant d’écrire. Je prends une feuille et j’écris. Peut-être que c’est là, ce que tu dis , mais je m’intéresse à la force d’un mot, la matière plutôt, plus la musicalité. Le sens et le sujet de mes chansons, je les connais à la fin. Les choix de mots : pour moi un mot ça doit laisser une trace, ça doit être percutant. D’où les choix, l’ordre, des mots un peu triturés, comme de la matière. "Vers où je vas" sort comme ça et pour moi en sonorité et en sens ça veut dire quelque chose. Dans la chanson "Alice", "je t’en souviens" aussi ça veut dire quelque chose, il y a des strates. Chacun avec son historique va découvrir une histoire. Et en fonction de l’angle, du regard ce sont des histoires différentes. Comme pour un objet que tu regardes de bas en haut ou sur les côtés. C’est plutôt comme ça que je vois l’écriture. Et la langue comme une matière, il faut s’amuser avec, il faut que ça reste ludique.

Comme Allain Leprest.

Christian Olivier : J’adore l’écriture d’Allain Leprest. Je crois qu’il était plus à raconter des histoires, il y avait plus un sujet, une narration qui partait avec une super belle écriture.

"Bird" est la chanson en anglais. Tu l’interprètes avec une voix forcée grave cassée. Comme si tu faisais signe à Tom Waits.

Christian Olivier : Pas plus forcée que ça. C’est l’anglais qui m’amène à ça. Il y a une espèce de petite mise en scène, théâtrale et clownesque. Dans le set avec un passage où on est dans cette ambiance là un peu cabaret, un peu cirque, "Bird" est compris dedans, un côté Freaks. Les monstres constituent une partie des Terriens.

Pour "Des Silences", j’ai pensé à un message à des artistes morts comme Mano Solo…

Christian Olivier : Pourquoi pas. Mano Solo ne m’est jamais venu en écrivant ce morceau là. Il peut y avoir plusieurs lectures : une rupture amoureuse, une attente de quelque chose qui ne viendra jamais : le bonheur, la société. C’est une espèce d’état. C’est celle qui est le plus à la suite de Corps de Mots. On m’a dit que sur le refrain je chantais bien, c’est rigolo.

Cet album fait 12 chansons. Parfois Têtes Raides ça peut aussi être 15 titres. Comment tu le définis ? Tu as mis des chansons de côté ?

Christian Olivier : On avait préparé 16 titres, les quatre autres sont encore dans la soucoupe des Terriens. L’arrivée des Terriens, c’est ces 12 chansons. Après les 4 autres, ils sont déjà sur terre on lâche un peu les terriens.

Les Terriens ou les vauriens.

Christian Olivier : Oui il y a les deux, les vauriens comme vraiment des salopards et les vauriens comme les titis parisiens, le côté tendre.

Le cheminement de Têtes Raides auprès des collectifs associations comme Attac, DAL, Ras le Front, etc., vous les suivez ?

Christian Olivier : Oui on les suit et à la fois on va un peu ailleurs parce qu’on a chacun notre chemin. Il y a eu un rapprochement important il y a une dizaine d’années au moment du chaos social. Moi je continue à défendre un espace de liberté, je considère que tout le monde doit défendre son espace de liberté. Parfois il faut se réunir pour être plus fort.

J’ai ouvert cette boutique la Niche, parce que ça me paraît important d’avoir une vitrine et d’y proposer des choses comme ça aujourd’hui. C’est aussi un combat. Si on parle de La tache, pour moi ce n’est pas possible, c’est un sujet récurrent. Le début de la chanson est un jeu, des deux côtés et même un troisième. Il y a le second degré dans cette chanson. C’est une chanson sur laquelle tu peux même danser dessus, c’est inquiétant on va dire. Encore une fois ce sont des sujets j’y vais avec prudence, je suis super vigilant pour ne pas trop en parler non plus et faire de la pub.

Tu dirais que la situation devient de plus en plus dure : le repli identitaire, la droitisation des esprits.

Christian Olivier : C’est toujours dur. Ce n’est pas nouveau. Dès qu’il y a une crise, une guerre, les gens repartent sur les mêmes fantômes. C’est un combat permanent. Aujourd’hui ça émerge plus parce qu’on est dans un moment difficile.

Merci Christian. Les annonces des concerts pour finir.

Christian Olivier : Le 10, 17, 24, et 31 mars au Bataclan. Les quatre lundis. Un spectacle délirant. Assez émouvant. Les quatre premiers concerts se sont super bien passés. Et c’est vrai qu’une fois que tu as enregistré ton album tu as plus qu’une envie : c’est de jouer sur scène. On est super contents de démarrer sur scène. Et la Demoiselle Inconnue sera là le 10 mars avec Têtes Raides pour ouvrir le Bataclan.

 

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En savoir plus :
Le site officiel de Têtes Raides
Le Myspace de Têtes Raides
Le Facebook de Têtes Raides

Crédits photos : Thomy Keat (Toute la série sur Taste of Indie)


Sandrine Gaillard         
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