Comédie dramatique de Jean-Paul Wenzel, mise en scène de Cécile Backès, avec Nathan Gabily, Cécile Gérard, Martin Kipfer et Maxime Le Gall.
A la fin de la guerre, Wilhelm, un jeune soldat allemand amoureux de la France échange son identité avec celle de son ami Louis Duteil qu’il vient de tuer par accident. Il rencontre une jeune française, l’épouse et ont un fils, Jean. Mais bientôt, le passé ressurgit…
Le frère de Louis, Henri, à la recherche de son frère découvrira bientôt l’usurpation et Wilhelm prendra la fuite pour l’Allemagne, avec Henri à ses trousses. En 1982, c’est Jean, le fils de Wilhelm et guitariste de rock qui, à la faveur d’une tournée en Allemagne, voudra retrouver les traces de son père disparu.
Sur des accords de guitare basse, alors que défile sur la toile de fond des images de paysages au ralenti, démarre cette intrigante histoire, celle d’une double enquête, dans l’après-guerre et au début des années 80.
Cécile Backès, en transposant à la scène le texte fort de Jean-Paul Wenzel (écrit avec la collaboration de Bernard Bloch) réussit avec "Vaterland, le pays du père" une adaptation respectueuse et inspirée de l’auteur stéphanois.
La scénographie d’Antoine Franchet, plusieurs cadres parallèles aux bords arrondis qui servent d’écrin pour l’action et soutiennent les rideaux qui en s’ouvrant nous font entrer dans un nouvel espace comme une scène gigogne à mesure qu’on remonte le fil de cette captivante histoire est astucieuse et efficace, offrant des espaces et des perspectives infinis. Le remarquable travail vidéo et sonore de Juliette Galamaz et les images de Simon Backès parviennent à créer une ambiance onirique évocatrice tout du long.
La mise en scène élégante et soignée de Cécile Backès nous fait pénétrer peu à peu dans la tête de ces personnages à travers le temps, révélant leurs failles et leur humanité.
Et des correspondances s’établissent entre les lieux (Saint-Etienne et la Ruhr), les époques et les hommes. Le seul reproche qu’on pourrait faire à cette belle adaptation est de donner peut-être trop de place à la narration quand on souhaiterait parfois être plus dans l’action avec les protagonistes.
A ce titre, toutes les scènes jouées sont parfaites. Cécile Gérard et Martin Kipfer donnent une belle crédibilité à la rencontre entre Odette et Wilhelm/Louis. Et Nathan Gabily (qui rythme le spectacle en imprimant une ambiance rock de reprises des années 80 accompagnées à la guitare) et Maxime Le Gall, fiévreux et volontaires, sont des guides parfaits pour cette mystérieuse et envoûtante investigation à la fois si lointaine et si proche de nous.
Un beau road-movie théâtral, touchant et magnétique. |