Un bonbon acidulé
La musique de Tacocat n’est pas un simple assortiment de friandises, comme l’image de la couverture de leur nouvel album NVM (label Hardly Art). Leur son est, bien sûr, doux et sucré mais une influence punk à l’arrière-plan fait résistance. C’est une dissonance entre doux et amer, un mélange entre punk et pop rempli de malice.
Chez Emily Nokes (voix et tambourin), Lelah Maupin (batterie), Bree McKenna (basse), Eric Randall (guitare), le punk ne subsiste que de manière sous-jacente ou édulcorée. Il est toujours présent mais sous forme de petits pics dans les rythmes ou les paroles. Le style de Tacocat est un punk-pop agrémenté avec une dose supplémentaire de pop, comme une version féminine des californiens Green Day.
Le LP est composé de treize chansons jouées à un tempo vite propre au punk, comme "Bridge to Hawaii". N’est-ce pas, au fond, ce que disaient faire The Ramones : jouer des chansons pop plus rapidement ? Même si les morceaux durent approximativement deux minutes, voire moins, nous sommes loin du rythme de "Blitzkrieg Bop". Les Tacocat sont plus calmes, leur agressivité est dissimulée. Le punk est un clin d’œil tel le titre "This is Anarchy" qui fait inévitablement penser aux Sex Pistols. Leurs guitares ressemblent beaucoup à celles de The Undertones dans "Teenage Kicks". Les paroles ne sont pas agressives mais plutôt ironiques. Pour épicer l’ensemble de l’album, des touches d’humour éparses viennent s’ajouter. "Psychedelic Quinceañera" est assez mordante dans ce sens : “she’s not going to the school today, she’s only a Mexican anyway” (elle ne va pas à l’école aujourd’hui, de toute façon elle n’est qu’une Mexicaine).
Or, Tacocat ne se résume pas à cette association de punk décaféiné et pop. La formation états-unienne est aussi une explosion de coloris et de mélodies. La fraîcheur des paroles est entraînante et facile à suivre. Nokes nous emporte dans le rythme en prolongeant la dernière syllabe des mots dans de nombreuses chansons. C’est surtout dans la variété que réside la force de leur musique. À l’intérieur, d’un point de vue musical, les morceaux sont parfois répétitifs mais d’une chanson à une autre, le style peut changer beaucoup. Nous avons l’impression que la thématique de la chanson les inspire pour adopter un genre musical en particulier.
"Party Trap" ressemble au pop des années soixante, les trompettes de "Psychedelic Quinceañera" sont celle d’une "ranchera" mexicaine. C’est comme si le terme "wave" (vague), dans "Crimson wave", les poussait à adopter une surf-pop au moment du refrain : "all the girl are surfing […] the crimson wave today" (toutes les filles font du surf sur la vague cramoisie aujourd’hui). Ainsi, NVM nous plonge au cœur d’une confiserie où l’éventail de choix est vaste. Chacun peut y trouver son compte dans cette musique accrocheuse, il faudra juste faire attention aux caries !