"Car c’est dans l’échec seul que la liberté vit
Et toute réussite bientôt l’anéantit"
("Ce que j’aime")
Philippe Muray (pas Bill non), auteur et essayiste décédé en 2006, ardent, drôle et néologiste informé des "mutins de panurge", "artistocrates" et autres "rebellocrates", heureux auteur d’un recueil intitulé Minimum Respect, prête ses mots à Bertrand Louis. Oui, il en avait là où je pense, dans toute sa plasticité et ses connexions divergentes… Je pense au cerveau, bande de pervers !
Bertrand Louis, avec sa guitare et sa voix grave donne vie aux textes de Philippe Muray dans Sans moi. L’un s’est instigué observateur de la société contemporaine, notre époque où "le risible a fusionné avec le sérieux". L’autre lui prête sa voix et s’efface pour élever son discours. Ensemble, ils ne changeront pas la mentalité capitaliste de leurs concitoyens, mais ils peuvent se targuer d’avoir remis en question plus d’un fondement. D’avoir posé la limite du nécessaire et du superflu, tellement désaxée dans une société marchande où bénéfice et profit sont les maîtres mots de toute pensée.
"Par-delà le dégoût et par-delà ta peur
Nous aurons des journées pour faire battre ton cœur"
("Futur éternel de substitution")
Loin d’être désargenté, l’album résonne de ce clavier magique qui produit toutes sortes de bruitages propres à l’électro-rock, de piano et de guitares. Un joli décor pour de jolies mélodies pour de plus beaux mots. J’aime ces chanteurs qui me racontent des histoires, ceux qui défendent leurs opinions sans influencer, ceux qui font miroiter un plus bel avenir.
"On n’ira plus au bois, la fin a commencé, montre-moi ton détroit, il vaut mieux s’emballer, rien de s’inventera plus, les lauriers sont coupés, tes jarretelles sont foutues, les lilas sont fanés au dimanche de la vie lorsque tout est fini, tu viens entrebâiller ta clairière étoilée"
("Ce que me dit ton cul")
La douce Lisa Portelli vient prêter son organe pour deux titres. Et l’album devient une histoire à trois voix. Entre érotisme et enchantement.
Ni exotique, ni syncrétique, Sans moi est un tourbillon de pensées, une fabuleuse poésie, un peu insolente, mais jamais persiflante, avec une seule certitude : sex is the only way out ! |