Ce nouvel album des quatre allemands de The Notwist se veut comme une aire de jeu et d'expérimentation sur laquelle les digressions sonores remplacent ballons et cordes à sauter. Parti depuis les terrains accidentés du rock alternatif (avec un grand A), le groupe se retrouve à compresser toute une collection de sous-genres musicaux sur un opus qui surprend de par son hybridité.
Créature polymorphe, l'objet change de forme et de propos sans pour autant monter le ton. Autrement dit, la bête apparaît et disparaît à volonté sans jamais endosser la même forme. Close To The Glass énonce le titre de l'album, sous-entendant à la fois la grande diversité des panoramas pouvant être aperçus au travers de la dite fenêtre, mais aussi l'existence d'un point de rupture aussi fragile que le verre.
Depuis les expériences électroniques et hantées de "Lineri" (et sa totale absence de chant) jusqu'au passionné "7 Hour-drive", le quatuor allemand s'offre une cure de jouvence à faire pâlir d'envie toute la jeune génération de musiciens "computer geek" et se permettent même de dépoussiérer les dancefloors.
Un peu comme les dieux de l'antiquité, les deux frères Archer réussissent à donner de la tête dans deux directions différentes (voire complétement opposées) et exécutent de vrais tours de force en offrant des constructions empiriques à certains titres. Ainsi, "Run, Run, Run" s'échelonne depuis des strates rock and roll, vers un shoegaze faussement timide avant de s'allumer en haute altitude dans un feu d'artifice électronique.
Vous l'aurez compris, l'album dessine un arc-en-ciel polyphonique quand à d'autres endroits les oreilles seront étourdies par le violent (grand) écart entre la douceur de certaines compositions ("Steppin' In", "Casino") et les déchaînements jouissifs éparpillés parmi la tracklist. Le titre éponyme à l'album en est la vitrine parfaite, s'articulant autour de percussions tribales et organiques que l'on imagine accompagné (malgré quelques glitchs ici et là) un rituel païen.
Des païens, les frères l'ont toujours été. Dès leurs premières expérimentations frustres, il y a plus de deux décennies et prouvent aujourd'hui, avec ce disque de haut vol que les outrages du temps (et un hiatus d’une dizaine d’années) n'ont eu que peu d'effet sur eux. |