Karen Marie Østed, dit MØ, prononcé "meuh" règne sans partage sur la sphère indie pop depuis maintenant près de deux ans. Découverte avec "Pilgrim", confirmée avec "Waste Of Time" et enfin couronnée avec "XXX 88", cette jeune norvégienne plante profondément les fondations de sa musique aux couleurs et aux univers changeants, avec son premier album : No Mythologies To Follow.
N'allez pas pour autant vous laissez flouter par cette appellation nébuleuse, puisque celle qui se surnomme "vierge" fait en réalité appel à tout un canevas musical tout aussi complexe que diversifié.
A la fois fer de lance et produit de la mondialisation de la musique via internet, MØ est un véritable catalyseur culturel au sein duquel s'entrechoque une multitude de genres. Alliant un esprit romantique à des ambiances festives, l'artiste n'en demeure pas moins cohérente. Jouant de son physique d'éternelle adolescente, la chanteuse surpique son univers avec un vocabulaire propre à sa génération ("XXX 888") et multiplie les environnements sonores. Bref, comme un insecte butineur, elle se retrouve à virevolter d'un beat à l'autre, furetant du coté de musique la trap, avant de finir sur une construction électro/pop.
Une diversité bien utile à l'album qui atteindra de véritables sommets grâce à des titres s'arrangeant un subtil équilibre entre un jeu de guitares surlignant des claviers farouchement pop et des percussions, pour le moins, sauvages.
S'ajoute à cela une collection de refrains finement pensée, offrant à l'opus un dynamisme effervescent. On pense ici aux titres "Dust Is Gone" et "Walk This Way", ce dernier s'inscrivant dans la logique de "Waste Of Time", alliant des textes dans lesquelles il est facile de s'identifier et une rythmique proprement imparable.
Vocalement, on est agréablement surpris par la technique de la chanteuse qui bien que ne faisant que rarement appel à tout son coffre, réussit à émouvoir l'oreille sans grandes difficultés.
De fait, elle dessine un profil pop parfaitement assumé à son opus, lui offrant autant de moments généreux en tempos que de passages plus délicats tels que pour "Dust Is Gone" ou "Never Wanna Know".
Si internet a révolutionné les mœurs, MØ en est la preuve parfaite, tant sa vision de la musique ainsi que son propre domaine artistique dépasse (surpasse ?) de loin les simples frontières délimitées par son pays et le continent européen. Autant vous dire que vous n'avez pas fini d'en entendre parler. |