L’observateur des étoiles a une nouvelle fois pointé sa longue vue vers sa source d’inspiration musicale, son parchemin nocturne, saupoudrée d’astres guitares, de comètes instruments-jouets, de lunes violoncelles… mais l’idée lui vint tout à coup de presser sa pupille, ça et là, ailleurs, changer de points de vue.
Tycho Brahé et sa ou son Parallaxe, voilà la dernière expérimentation, le précieux résultat, la nouvelle pépite d’or, juchée au bout de son nez. C’est toujours avec un bouillonnement de curiosité que j’accueille un album de l’astro-musicien Geoffroy Séré. Et pour le paraphraser…
La première fois, je balbutiais dans mes écoutes musicales. J’avais été piquée dans ma curiosité en écoutant Le temps qui passe, un mélange de sons inhabituels, la première fois que j’entendais un dompteur d’instruments-jouets réalisant des créations émouvantes entre chaos et harmonie.
La deuxième fois, j’avais voyagé avec avidité dans Géographies, étonnée au fil des reprises nouvelles et inventives et pourtant anciennes, tour à tour savamment interprétées par différents artistes-amis.
Il n’y eut pas de troisième fois, pour moi en tout cas, mais j’eus vent d’apparitions dans des collectifs d’artistes et autres recueils de chansons.
Et puis vint la quatrième fois… Avec Parallaxe, je me sens de nouveau enveloppée dans cette douce atmosphère si caractéristique du groupe. C’est une agréable mécanique aux multiples rouages. La guitare chaude et réconfortante chante sa ritournelle, répétitive tandis qu’apparaissent et disparaissent d’étonnants sons. Et pourtant dans ce nouvel opus, Tycho Brahé opère sur sa toile lunaire un tournant. Ces morceaux dessinent des contours plus précis, de l’abstraction vers une construction plus maîtrisée. Et puis, des voix, des voix à foison, faisant des boucles, en chœur. Parfois, il est seul à poser ses murmures, sa voix, presque intime, parfois, ils sont plusieurs à s’échanger les mots. Cela en est parfois presque fous et entêtants, comme ça l’est parfois avec les instruments. Emoi, dans tout ça, je reste sans voix, sur le magnifique titre "Plusieurs fois", où les mots gravitent au plus proche de l’amour et de la fragilité.
L’explorateur entend-il des voix ? De son imagination possédée, Tycho Brahé a en tout cas su en tirer de la douceur et de l’apaisement. Certes, les morceaux sont plus apprivoisés et apprivoisables. Il n’en reste pas moins étonnant et beau dans sa nouvelle manière d’observer et de créer les sons et les mots. |