Depuis ses débuts tonitruants avec les titres "Tekkno Scene" ou "In The Jungle", nos oreilles n'ont eu cesse de subir les morsures assurément brûlantes, assénées par cette artiste venue des contrées gelées du Nord. Alliant la pop bien formée de son pays d'origine aux rythmes déchaînées du dancehall, la chanteuse et son énergie furent très rapidement soumis à une comparaison bien tournée d'avec M.I.A., Santigold et surtout avec l'écurie Mad Decent. Et si le résultat fut un temps gentiment (et peut-être cyniquement), avec ce second EP, Elliphant prend du poids, de quoi lui offrir une taille ajustée et épousant parfaitement son pseudonyme pachydermique.
Fini de rigoler donc, puisque le nouveau Look Like You Love It est entièrement produit par les équipes de Diplo. Un pas de géant, voire même un grand écart hallucinant pour un animal de cette espèce, qui s'en va traîner son arrière-train de l'autre côté de l’Atlantique. Territoire que l'on sait que rarement propice à l'épanouissement des êtres de son genre.
Quoi qu'il en soit, le voyage, on le devine haut en couleur. Elle y troque la pochette de son premier EP, noir ne laissant apparaître que les yeux, au profit de quelque chose reprenant des codes à la fois pop et street, en apparaissant dans son intégralité devant des murs taggués. Après un passage aux allures de pèlerinage en Jamaïque et un titre ensoleillé répondant au titre résonant comme un Mantra, "Music Is Life", la musicienne semble se faire aux rythmes de ses nouvelles latitudes.
Plus décomplexée que jamais, moins asphyxiée tant au niveau du flow que des productions, Look Like You Love It réussit la transition entre des titres moins réussis tels que le désastreux "Boom You Head Up" et ceux mieux équilibrés de ce nouvel opus.
En tête, le titre éponyme à l'album et sa recette déjà entendue sur "Cian't Hear It", ici reprise et saupoudrée d'une rythmique trap. Plus loin, Eleanor prouve qu'elle porte sa casquette aussi bien à l'endroit (gentille fille) qu'à l'envers (b-girl !). A croire que l'Elliphant a acquis un équilibre hors pairs dans un cirque, puisqu'elle jongle entre des beats d'inspiration hip-hop ("Everything 4 U") (voire même un peu old school) et des titres foncièrement pop ("All Or Nothing"), avec une facilité déconcertante.
Mais on retiendra surtout la dominance des rythmiques typiques à l'écurie Mad Decent : un joyeux amalgame légèrement cacophonique s'apparentant à une fanfare criarde. Un univers dans lequel ce nouvel EP trouve une place toute faite, ménagée à grands coups de featuring bien senties ("Booty Killah") ou de remix officiels (le titre "Down On Life", remixé par London Future). |