"Abrasif", "répétitif", "entêtant"... voilà trois adjectifs qui conviennent parfaitement à ces trois garçons (Oliver Fisher, Rich Phoenix et Liam O’Neill), dont la musique post-punk est brûlante, étincelante, incandescente ! Une basse qui vrombit, des guitares en boucle, une voix sombre et d’une tristesse à faire pâlir Ian Curtis de jalousie au fond de son trou... voici les anglais de Tense Men, un projet parallèle des membres de Sauna Youth, Cold Pumas et Omi Palone.
Ce premier album officiel est sorti en mars dernier chez Faux Discx (on reparlera de ce label indépendant basé à Brighton mené par Dan Reeves car il héberge une poignée de groupes tous plus excitants les uns que les autres, en citant au hasard Omi Palone, Virginia Wing, Stuart Warwick ou bien encore Cold Pumas !). Il rassemble 6 titres sans concession. Ici, on n’en a rien à foutre du passé, on avance, on fait la musique que l’on aime, peu importe les étiquettes que l’on pourrait coller facilement à ce genre d’excités.
On commence l’album par "Stages of Boredome", où l'on rentre dans le vif du sujet, riffs stridents, basse lourde et redondante, rythmique sèche et claire. L’univers des Tense Men est moite, dur, collant, tendu. C’est un monde sans pitié, transgressif, qui va droit au but. On poursuit sur "RNRFON", la basse débute, sourde, tel un moteur de Lotus Seven, la batterie rejoint cette ligne de basse et la guitare se déchaîne, le chant se répète sans discontinuer. Hyper addictif, on en redemande !
"Lie Heavy (Desperate Times)", plus clair, guitare légèrement désaccordée, voix ostensiblement lascive et lassée, et rabâchage des notes. Quand commence "Where Dull Care is Forgotten", la chanson qui a donné le titre à ce mini-LP, on est perdu : rythme lent, d’une lenteur exagérément lancinante, chant dépressif, froid et lointain, encore ce fantôme de Curtis qui vient rôder dans les parages… C’est maladif, on se voit dans le coin d’une pièce, tourné dans cet angle, se frottant les membres, se tapant la tête un peu maladroitement dans la torpeur de notre jeunesse passée. "Nonentities" s’étale sur plus de 5 minutes, des montées, des descentes, c’est presque l’histoire d’un junkie ! On termine enfin par "Opiate Glow", ça sent l’opiacé en effet et dans toute la pièce ! C’est bon, le refrain est d’une violence tendue.
Avec Where Dull Care is Forgotten, les Tense Men tiennent un disque indispensable, on a très hâte d’entendre les nouvelles compos et surtout de voir en live ce que ce trio va pouvoir nous envoyer à travers les oreilles car en studio, c’est déjà tout simplement énorme ! |