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Interview  (par mail)  avril 2014

A l'occasion de la sortie de son album Les Variétés, Emmanuel Tugny nous accorde une interview ou plutôt un échange à bâtons rompus.

Emmanuel Tugny, écrivain, chroniqueur et musicien français qui a sa propre page chez Wikipédia, bonjour !

Emmanuel Tugny : Bonjour, Nathalie, le Wikipedia, à la fois je ne crache pas dessus, à la fois je n’y suis pour rien… Tu parles de "propre page", je me demande parfois si ce n’est pas celle d’un autre… ça doit être ma propre page d’un autre… on s’appartient peu, surtout quand il y a les autres, qui sont peu évitables, même si on veut, etc.

Une interview écrite, pas de problème, je ne me suis jamais essayée au bavardage épistolaire. Voyons voir si ce monologue questionné peut devenir dialogue. J’ai supposé que le tutoiement m’était tout accordé, si ça te gêne, il existe une fonction sympa dans tout traitement de texte pour changer tout ça.

Emmanuel Tugny : J’ai été élevé à la grammaire plutôt en Italie, adulte plutôt en terre de gauche radicale et au Brésil… en Italie le "tu" est d’usage respectueux, au Brésil le "vous" et le "tu" sont confondus, à gauche on se tutoie peinardement : je tutoie facilement, je vouvoie plus rarement.

Selon ma théorie qu’il n’y a pas de question indécente, seules les réponses peuvent le devenir, allons-y.

Emmanuel Tugny : Oh, si, tout de même, il y a des questions indécentes (les questions posées par les tortionnaires du régime maoïste pendant la Révolution culturelle, par exemple, n’avaient guère besoin de réponse pour l’être, non ?) ! Une raison de plus d‘utiliser le "tu" : nous courons fraternellement le risque d’être complices en indécence !

L’album d’abord, puisque c’est ainsi que nous nous sommes rencontrés. D’habitude, les artistes choisissent une ligne conductrice, quitte à ce que l’album ressemble à un seul titre. J’ai été très intriguée par la variété des titres, des thèmes, des langues, pourquoi ce choix (voire ce non-choix) ?

Emmanuel Tugny : Il y a d’abord quelque chose d’immédiat : le titre d’un livre ou d’un disque s’impose pour moi d’emblée (même chose pour sa couleur, le vert, ici). Je n’y pense jamais longtemps et le livre ou le disque est en quelque sorte tiré de son titre.

Ce disque-là "devait" s’appeler comme ça, c’est le premier mouvement.

D’où ce titre venait, je n’en sais rien : sans doute à la fois de son intelligence interne (il est subtil, ce mot, il évoque naturellement des tas d’espaces, de champs, d’objets et non seulement il évoque une diversité mais il la nomme) et de son caractère militant (je crois beaucoup en la "variété", en la chanson populaire et je ne vois pas d’incompatibilité entre sophistication musicale, radicalité éthique et variété : je trouve Tom Jobim, par exemple, plus radical que Mick Jagger… et puis tonner "les variétés !", c’est dire "prout" à ce positionnement "rock" dont j’ai soupé… et puis ça évoque les "mélanges" universitaires et puis et puis, etc.).

Ce titre trouvé, il a fallu faire un disque avec, c’est dans ce sens-là que ça s’est passé. "Faire variété", qu’est-ce que c’est ? Diversité des écritures, des références, oui, chansons au format, oui, etc.

Mais aussi, pourtant, continuité du disque (je n’aime pas tellement les albums "collections de chansons").

On a vite "fixé" un cahier des charges : écrire ou interpréter des "chansons populaires" en en minant (via la composition, les choix instrumentaux, le mix etc.), la sérénité du dedans.

Quelle histoire raconte cet album ? Qui donc est cette ingénue toute nue sur un cheval ?

Emmanuel Tugny : Je crois qu’il faut imaginer une sirène dans une mare, un centaure-fille… l’inquiétude dans la beauté… l’inquiétude de la beauté… la beauté inquiétante. Une jeune fille dévorée par des pensées noires comme un enfant chez Rimbaud ou l’inverse, une peste, une tumeur dans une chair aimable…

Il y a bien un peu d’eau mais on voit la bête et la jeune femme…

L’histoire continue de ce disque, c’est celle de l’hybridité.

La photo est un autoportrait de l’artiste Chloé Bue-Delorme dont j’aime infiniment le travail.

Elle s’est imposée comme la pochette du disque avant même le début de l’enregistrement.

Qui sont donc les Lady Guaiba’s Swing Band ? Comment les as-tu rencontrées ? Pourquoi avoir choisi de collaborer une deuxième fois avec elles ?

Emmanuel Tugny : Le Lady Guaiba’s Swing Band est un groupe que nous avons collectivement fondé à l’occasion de l’enregistrement d’EmilyandIwe et dont la composition varie d’album en album. Les Variétés est notre troisième album de groupe mais je travaille avec Christophe Boissière depuis 1981, j’en suis à mon sixième album avec le sublime batteur Otavio Moura, El, à mon quatrième avec Fred Woff et Mickael Plihon. Nous avons accueilli pour longtemps, je crois, Kika et Christophe Atabekian.

Ces gens-là ont trois caractéristiques principales qui les rendent indispensables à mes yeux : ils sont musicalement géniaux, humainement délicieux et esthétiquement nomades.

La question suivante est un peu crétine, mais je la pose quand même, au cas où ta réponse soit différente : d’où tires-tu ton inspiration ? Dans quel état d’esprit crées-tu le mieux ?

Emmanuel Tugny : Je t’ai répondu : un mot, une couleur, une image vient en tête qui semble stable. Il lui faut un disque, on lui offre un disque. C’est une histoire de soumission servile à un mot, à une couleur, à une image, un disque… un livre aussi.

Je ne travaille bien que quand je suis content. Je n’en suis pas très fier, ce n’est guère romantique… mais je te répondrai, parce que c’est la vérité, que le contentement est l’état dans lequel je travaille le mieux.

Je ne m’avance pas trop en supposant que tu aimes ce que tu fais, on n’est jamais artiste par dépit ou pour remplir le frigo, ni par contrainte... Quel moment de création préfères-tu ? (la recherche de l’idée ? l‘émergence de l’idée ? la mélodie qui pointe son nez ? l’écriture ? les essais du chant ? le titre fini ? l’écoute ?)

Emmanuel Tugny : Oui oui, absolument, je fais de la musique pour faire les disques que j’aime, c’est incontestable. Le moment le plus extraordinaire c’est pour moi, le disque terminé, l’écoute qu’en font les proches.

Je travaille quand je suis content mais travailler est pénible, toujours, très ; c’est comme un châtiment du contentement (Michel Bouquet disait un truc comme ça). Mais le travail terminé, le regard des êtres aimés, c’est la quête.

Il semblerait que ta première passion devenue publique soit l’écriture, à travers des romans et des essais, pourquoi être passé à la musique ? Des enfants de 5 ans savent déjà qu’ils veulent être maîtresse ou pompier, et toi, la musique a-t-elle toujours été ton but ? Comment en es-tu arrivé là ?

Emmanuel Tugny : J’ai fait de la musique avant d’écrire des livres. La dimension collective et érotique de l’activité musicale a toujours complété celle de l’écriture de livres. Je fais les deux toujours parce que la chanson est bonne pour repérer ce qu’il y a au monde de partageable, parce que les livres sont bons à cerner ce qu’il y a au monde de pas partageable et parce qu’on est plus content quand on partage en sachant ce qui est rigoureusement à soi.

Comment décrirais-tu l’ensemble de tes "productions / créations" ? Comment définis-tu ta musique ?

Emmanuel Tugny : Oh, c’est délicat… "Les Variétés, par Ronan-Emmanuel Tugny" irait…

 

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En savoir plus :
Le Myspace de Emmanuel Tugny
Le Facebook de Emmanuel Tugny


Nathalie Bachelerie         
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# 21 avril 2024 : Des beaux disques, des beaux spectacles, une belle semaine

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Du côté de la musique :

"Génération (tome 1)" de Ambre
"Out" de Fishtalk
"Take a look at the sea" de Fontanarosa
"Venus rising" de Trio SR9 & Kyrie Kristmanson
"Perpétuel" de Vesperine
"Liminal status" de Watertank
"The great calm" de Whispering Sons
"Keep it simple" de Yann Jankielewicz , Josh Dion & Jason Lindner
Quelques nouveautés en clips avec Isolation, Resto Basket, Greyborn, Bad Juice, Last Temptation, One Rusty Band, We Hate You Please Die
nouvel épisode du Morceau Caché, consacré à Portishead
et toujours :
"Kit de survie en milieu hostile" de Betrand Betsch

"Let the monster fall" de Thomas de Pourquery
"Etat sauvage" de Chaton Laveur
"Embers of protest" de Burning Heads
"Sin miedo" de Chu Chi Cha
"Louis Beydts : Mélodies & songs" de Cyrille Dubois & Tristan Raës
"Arnold Schönberg : Pierrot lunaire" de Jessica Martin Maresco, Ensemble Op.Cit & Guillaume Bourgogne
"C'est pas Blanche-neige ni Cendrillon" de Madame Robert
"Brothers and sisters" de Michelle David & True Tones
"Prokofiev" de Nikita Mndoyants
"Alas" de Patrick Langot, Alexis Cardenas, Orchestre de Lutetia & Alejandro Sandler
"Symptom of decline" de The Black Enderkid
"Tigers blood" de Waxahatchee
"Not good enough" de Wizard

Au théâtre :

les nouveautés :

"Sonate d'automne" au Théâtre Studio Hébertot
"Frida" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses

"Preuve d'amour" au Théâtre du Guichet Montparnasse
"Après les ruines" au théâtre La Comète de Chalons En Champagne
"Objets inanimés, avez-vous donc une âme ?" au Théâtre du Guichet Montparnasse
"Royan, la professeure de français" au Théâtre de Paris
Notes de départs" au Théâtre Poche Montparnasse
"Les chatouilles" au Théâtre de l'Atelier
"Tant que nos coeurs flamboient" au Théâtre Essaïon
et toujours :
"Come Bach" au Théâtre Le Lucernaire
"Enfance" au Théâtre Poche Montparnasse
"Lîle des esclaves" au Théâtre Le Lucernaire
"La forme des choses" au Théâtre La Flèche
"Partie" au Théâtre Silvia Monfort
"Punk.e.s" Au Théâtre La Scala
"Hedwig and the angry inch" au théâtre La Scala
"Je voudrais pas crever avant d'avoir connu" au Théâtre Essaïon
"Les crabes" au Théâtre La Scala
"Gosse de riche" au Théâtre Athénée Louis Jouvet
"L'abolition des privilèges" au Théâtre 13
"Lisbeth's" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses
des reprises :
"Macbeth" au Théâtre Essaion
"Le chef d'oeuvre inconnu" au Théâtre Essaion
"Darius" au Théâtre Le Lucernaire
"Rimbaud cavalcades" au Théâtre Essaion
"La peur" au Théâtre La Scala

Une exposition à la Halle Saint Pierre : "L'esprit Singulier"

Du cinéma avec :

"Le déserteur" de Dani Rosenberg
"Marilu" de Sandrine Dumas
"Que notre joie demeure" de Cheyenne-Marie Carron
zt toujours :
"Amal" de Jawad Rhalib
"L'île" de Damien Manivel
"Le naméssime" de Xavier Bélony Mussel
"Yurt" de Nehir Tuna
"Le squelette de Madame Morales" de Rogelio A. Gonzalez

Lecture avec :

"Hervé le Corre, mélancolie révolutionnaire" de Yvan Robin
"Dans le battant des lames"' de Vincent Constantin
"L'heure du retour" de Christopher M. Wood
"Prendre son souffle" de Geneviève Jannelle
et toujours :
"L'origine des larmes" de Jean-Paul Dubois
"Mort d'un libraire" de Alice Slater
"Mykonos" de Olga Duhamel-Noyer
"Des gens drôles" de Lucile Commeaux, Adrien Dénouette, Quentin Mével, Guillaume Orignac & Théo Ribeton
"L'empire britanique en guerre" de Benoît Rondeau
"La république des imposteurs" de Eric Branca
"L'absence selon Camille" de Benjamin Fogel
"Sub Pop, des losers à la conquête du monde" de Jonathan Lopez
"Au nord de la frontière" de R.J. Ellory
"Anna 0" de Matthew Blake
"La sainte paix" de André Marois
"Récifs" de Romesh Gunesekera

Et toute la semaine des émissions en direct et en replay sur notre chaine TWITCH

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
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