Ça s’est passé chez pias record. Je devais interviewer Boom Bip, un artiste anglais qui fait de l’electro acoustique à ce qu’ils disent. J’arrive. Trop tôt. J’attends. L’angoisse monte. Dans la panique, j’oublie de brancher le micro de mon mini disc. Voilà comment tout à commencé.
Il a fallu que je m’en rende compte dans le métro. Boom Bip c’est un gars sympa. Il n’a pas rit quand j’ai ouvert la bouche. Pourtant y’avait de quoi. Il a parlé du fait que le beau et le triste sont deux choses similaires. Mais le triste ne le concerne pas. C’est pas ce qu’il a voulu dire dans cet album. Ce qu’il voulait exprimer, lui, c’était ce qu’il a ressenti en enregistrant en Californie. L’excitation, la solitude et se sentir constamment perdu. Perdu. Ça c’est un mot qui décrit sa musique. Quand je l’ai écouté, j’avais l’impression d’être coincé dans un de ces jeux vidéo dont j’ai été délivré par le dernier morceau, le seul où une voix accompagne la musique.
Il sourit. Il ne voyait pas les choses comme ça. Mais pourquoi pas ? Voir ce que les autres ressentent en écoutant sa musique le fascine. Il ne chante pas. Les sons ont une intrepretation plus vastes. Et ils expriment mieux ce qu’il ressent. Sa musique en devient moins accessible et c’est bien mieux. Le tri se fait automatiquement. Ceux qui ne comprennent pas n’écoutent pas.
Boom Bip porte des converses. Noires et basses. Il est bavard. Je respire. C’était pas avec mes quatre questions que j’allais m’en sortir. J’improvise. On parle écriture. Composition plutôt. Lui n’écrit rien. Il prend sa guitare et laisse l’inspiration monter. C’est elle qui l’appelle. Pas lui. Il ne force rien. Il attend. Il attend en pensant. Toute la journée il pense. Il culpabilise, mais au fond il ne fait rien pour changer.
Il écoute de la musique aussi. Beaucoup de musique. Il me fourre son i pod dans les mains et j’esquisse un sourire à la vue du nom de Brigitte Bardot. Je m’arrête sur Deerhoof. Putain de bon groupe qu’il me dit. Il aimerait collaborer avec eux. Mais c’est pas fait.
Pour l’instant y’a le live en préparation. Chaque musicien avec qui il travaille veut apporter sa touche de créativité à ses morceaux, mais Boom Bip s’en fout. Cela donne une nouvelle dimension à l’album. Rien ne semble le perturber. Si quelqu’un s’approprie sa musique tant mieux. Ça veut dire qu’elle est bien et que qu’on l’admire.
Boom Bip aime le hip hop. Il s’en inspire. Sa musique s’en ressent. Il est content. Il a le sentiment d’être compris. On continue à parler. J’apprends qu’il a chien. Il le promène en écoutant de la musique. Il en écoute tout le temps, comme je l’ai déjà dit, pour s’inspirer. Pour voir ce que font les autres .
Pour le premier album, il avait fait le silence radio. Pas pour celui-ci. Il n’a pas peur de perdre sa touche. Il aime la musique et c’est tout. Son seul problème c’est qu’il pense trop. Et là on tourne en rond. Le temps passe vite.
J’arrive à court de questions. Je pense à ce que m’a dit Froggy. Si tu devais décrire ta musique en trois mots, tu dirais quoi ? Silence. "I don’t know" qu’il me répond en comptant sur ses doigts. Ça fait trois. Pas mal.
Un bon gars ce Boom Bip. Je vous le dis. |