"When you were here, it was warm / Now it's just a bitter storm"
Il faut une bonne dose de courage et croire en l’intérêt que peut procurer chaque titre pour intituler son album Singles. Il faut aussi croire en sa chance, tout du moins savoir, vouloir la saisir et être persuadé que c’est enfin le bon moment. C’est le cas de Future Islands, trio synth-pop en provenance de Baltimore qui a décidé de lisser sa "post-wave" romantique et de sérieusement muscler sa musique après trois albums (Wave Like Home en 2008, In Evening Air en 2010 et On The Water en 2011) plutôt pas mal mais au succès que l’on qualifiera poliment de confidentiel.
D’abord changement de label, le groupe passe de Thrill Jockey à 4AD, même si une partie du disque a été enregistré avant la signature. Il a accueilli également Denny Bowen (Double Dagger) comme batteur puis a engagé Chris Coady (Beach House, Grizzly Bear, Yuck..) comme producteur. Ensuite, rien de mieux qu’une prestation remarquable et remarquée au Late Show de David Latterman, notamment grâce à la performance scénique du chanteur Samuel Herring, pour braquer les projecteurs sur soi et multiplier exponentiellement les vues sur YouTube.
Muscler sa musique ne veut pas dire se renier, les Américains restent farouchement libres et indépendants et si tout est plus gros qu’avant, Future Islands a réussi à garder cet assemblage assez étrange d’une voix habitée (presque de crooner soul entre Joe Cocker et Brian Ferry) souvent touchante même quand elle en fait des tonnes, d’une basse très New Order (coucou Peter Hook !), point de convergence du groupe et de lignes de synthés pops. Le résultat est à la hauteur des ambitions du groupe, enfin on peut l’imaginer. Pour s’en persuader, il suffit d’écouter le trio inaugural : "Seasons (waiting For You)", "Spirit" et "Sun In The Morning", le véritable climax de ce disque.
Singles se tient sur la longueur, il est même plutôt cohérent, réussissant à garder une ligne claire, une certaine profondeur et complexité, chaque titre (ou presque) méritant une attention particulière. Il serait dommage de passer à côté de "A Dream Of You And Me" ou "Back In The Tall Grass". Les textes sont toujours aussi forts, poignants sans être mélodramatiques, allégorie de la vie dans ce qu’elle a de plus beau ou de plus dure où Herring n’hésite pas à se mettre à nu. Alors certes, parfois cela dépasse un peu, c’est de temps en temps un peu too much et un poil théâtral, ça flirte quelquefois avec une certaine facilité, Futur Islands joue sur un fil ténu, mais c’est toujours (souvent) électrisant et il est difficile de ne pas succomber à ces hymnes pop aux mélodies et aux refrains XXL et à l’efficacité indéniable. |