Transposition théâtrale d'un scénario de Jean-Patrick Manchette, mise en scène de Mirablle Rousseau, avec Estelle Lesage et Etienne Parc.
Mirabelle Rousseau, metteur en scène de la Compagnie du Théâtre Obsessionnel Compulsif, dédiée notamment au travail sur des textes non théâtraux et des formes courtes nomades, a choisi de transposer sur scène un scénario intitulé "Marie Immaculée"
Malgré son titre, l'opus n'a rien de sulpicien et ne constitue par un support de catéchèse. Encore que...
En effet, il s'agit d'un scénario érotique relatant l’initiation sexuelle et politique d’une jeune aristocrate française en 1917 écrit par le romancier et scénariste Jean-Patrick Manchette fondateur du néo-polar, scénariste éclectique de Max Pécas à Claude Chabrol et militant d'extrême-gauche. Ce qui suffit à situer l'opus dans un atypique registre "sexe, amour et révolution" dont Mirabelle Rousseau livre une magistrale adaptation.
Tout commence "outdoor" dans une ambiance de polar noir avec, faisant office de privé, un écrivaillon à la petite semaine ayant accepté un boulot alimentaire consistant en la rédaction des mémoires d'une vieille dame sulfureuse qui l'attend à son domicile.
Conçu par James Brandily, l'espace scénique, faisant office de scène et de salle, est une pièce de taille standard au décor sommaire dont le volume est phagocyté par un immense lit dans lequel se prélasse une jeune beauté.
Car la porte de la chambre n'est pas une huisserie ordinaire mais un portail spatio-temporel et la chambre fait office de machine à remonter le temps pour raconter la chevauchée héroïque, dans tous les sens du terme, d'une jeune fille prénommée Marie Immaculée.
Celle-ci suit son amant en fuite vers la Russie bolchevique et s'embarque pour un voyage rocambolesque rythmé de pilonnages sexuels scandés par le martèlement des principes de lutte révolutionnaire, ce qui n'est pas banal et donne lieu à des scènes absolument jubilatoires.
Le rythme "hardcore" de la mise en scène de Mirabelle Rousseau emprunte tant au registre du nanar pornographique qu'à celui des comics underground ce qui donne un spectacle "jouissif" totalement jubilatoire d'autant qu'il est dispensé par deux comédiens émérites.
Le duo tourne à plein régime avec Etienne Parc, épatant en grotesque "fier-à-bras" érotomane doublé d'un zélote bas du front qui n'est pas sans évoquer un avatar pâlichon du Fritz the cat de Robert Crumb, et Estelle Lesage, magistrale en vierge saisie par la débauche.
Ce spectacle présenté par le T.O.C. en sortie de résidence à La Générale constitue avec "L'Arve et l'Aume" et "Comment j'ai écrit certains de mes livres" un très réussi triptyque autour du mélange des genres, de l'épopée de l'intime et de la traversée du miroir.
|