Spectacle écrit et mis en scène par David Lescot, avec Scali Delpeyrat, Damien Lehman, Sara Llorca, Céline Milliat-Baumgartner, Grégoire Oestermann, Norah Krief et Jean-Christophe Quenon.
Pas facile de résumer "Nos occupations", texte volontairement mystérieux, dont l’auteur, David Lescot, a pour ligne de conduite une formule "oxymore" : "se cacher en pleine lumière".
D’abord, la scène est un chaos de débris de pianos, dans lequel se sont glissés quelques instruments encore en état de jouer. On a l’impression d’être devant un "paysage d’après la bataille" et que l’on arrive juste au moment où quelque chose de définitif est advenu.
Puis surgissent sept personnages en quête de parole(s). Que disent-ils ? Ces banalités débitées avec une belle conviction ont-elles pour fonction de dire une vérité toute simple… ou sont-elles des leurres cachant un autre niveau de signifiance occulté par ce brouhaha ?
Il faudra au spectateur non averti un certain temps pour comprendre que les mots prononcés sont (peut-être ?) cryptés et que la musique elle-même peut prendre un sens codé quand quelqu’un - en général Damien Lehman, compositeur de la musique originale, et pianiste émérite - use d’un des pianos de la scène.
Une fois compris et admis qu’on entre en "Résistance" avec le septuor de David Lescot, il faut se laisser porter par la musique des mots qui fusent et assister à des saynètes diverses dont les propos peuvent ou pas être en correspondance les unes les autres.
Faut-il alors s’astreindre à dépasser la simple écoute pour tenter de participer à un jeu crypté dont les clés sont difficiles à deviner et dont on ne sait même pas si l’auteur, s’il ne l’a pas déjà fait sans qu’on y prête attention, donnera bientôt des indices ?
Le mystère est permanent mais, grâce à des acteurs de qualité qui savent le rendre plaisant, on ne s’ennuiera jamais. Tout juste se demandera-t-on si ce jeu, dont on reste le témoin lointain, vaut la chandelle de la représentation.
On pourra donc passer facilement à côté de "Nos occupations". Cependant, on conviendra que le spectacle qu’on a devant les yeux est d’une grande élégance. Le final, dont on ne révélera rien, est particulièrement réussi. Il dit tout ce qu’il y a d’elliptique dans "Nos occupations". En quelques notes et quelques lignes de lumière blanche, éclate un instant de poésie fugace.
Peut-être faudrait-il alors refaire le chemin à l’envers et trouver le sens de la pièce à l’aune de cette belle fin. |