Monologue dramatique d'après l'oeuvre éponyme de Guy de Maupassant interprété par Max Darcis.
Il est des textes que les comédiens portent en eux et qu'ils délivrent de manière récurrente sur scène. Tel est le cas avec "Le Horla" de Guy de Maupassant pour Max Darcis dont il propose une nouvelle adaptation scénique placée sous le signe de la pérennité des peurs et croyances.
Dans cette nouvelle polysémique présentée sous forme de journal aux allures de conte fantastique, un homme raconte l'entreprise d'asservissement délétère de son esprit qui, à défaut d'extermination de l'invisible ennemi, ne peut conduire qu'à la folie ou au suicide.
Guy de Maupassant opère une conséquente et ambivalente hybridation thématique en renouvelant le thème du double manichéen de la littérature fantastique qu'il déporte vers l'altérité ennemie, décrivant l'évolution de la démence par la voix du "halluciné raisonnant" et procédant à l'avènement d'une entité supra-humaine, portant en germe ce qui sera un des fondamentaux de la science-fiction,
Par ailleurs, il procède à un double ancrage dans le réel et le temporel par la contextualisation avec une époque qui connaît un engouement pour les sciences occultes et le développement de la psychiatrie et la résonance autofictionnelle avec les troubles d'origine syphilitique dont il est affecté.
A l'incarnation du diariste généralement pratiquée, Max Darcis a substitué le transfert d'identification.
Un homme pauvrement vêtu, une valise à la main, voyageur avec bagage mais sans domicile fixe, fait une halte sous un réverbère dont le halo révèle quelques débris d'objets mis au rebut. Dans une valisette, il découvre un journal manuscrit dont la teneur singulière va le captiver au point d'éprouver et vivre l'épouvante relatée.
Sur le plateau plongé dans le noir, scandée par les notes aigrelettes d'une petite boite à musique qui délivre l'air de la chanson "Le temps des cerises" en fonctionnant comme une machine à remonter le temps, la partition est délivrée de manière expressionniste misant sur le télescopage spatio-temporel et l'instauration d'une atmosphère propice à soutenir son inquiétante étrangeté.
Le passage du scriptural au verbal et la novation dramaturgique sont bien assurés et Max Darcis délivre une prestation sensible et "habitée" qui emporte l'adhésion. |