"Tu danses comme le soleil… Que ta lumière est belle… facile et sensuelle…"
Les premières images annonçant le nouvel album de Sébastien Tellier, nous laissant imaginer une version de Stone et Charden au pays des cariocas, nous ont fait un peu peur… Il faut avouer que depuis quelques temps Tellier n’est plus que l’ombre de lui-même. My God Is Blue en 2012 était une véritable déception et l’on savait que Confection, malgré quelques bons titres, plus sobres moins pseudo extravagants, n’était qu’un disque de transition construit à partir de chansons qui auraient dû faire partie d’une bande originale de film.
Le barbu, est devenu papa. Un événement dans la vie de tout homme. Celui qui marque peut-être vraiment le passage à l’âge adulte, avec ce que cela comporte de doutes, d’obligations, de remise en cause, et de nostalgie. Le titre "L’adulte" ne dit rien d’autre que cela, comment retrouver cette part d’enfance. C’est tout ce que raconte L’Aventura. Sébastien Tellier est parti se réinventer une enfance au brésil. Mais attention pas celui de l’image d’Epinal du carnaval, de la samba et des femmes au corps superbement sculpté. Sébastien Tellier est bien plus intelligent que cela. Il s’inscrit ici plutôt dans le brésil des années 70. Un fantasme aux couleurs d’Edilson Araujo ou d’Iracema Arditi. Ici l’art naïf surgit de notre inconscient collectif et se laisse pénétrer par les influences érudites du musicien Français.
L’Aventura serait comme une rencontre improbable mais rêvée entre Polnareff, Christophe, Alain Chamfort, Bernard Estardy et Lo Borges ou Arthur Verocai. Le tout mis en musique avec la collection pléthorique de synthés de Jean-Michel Jarre. Pas si improbable que cela puisque le disque a été enregistré en partie dans les studios de Bernard Estardy et de Jean-Michel Jarre justement.
Sébastien Tellier a toujours su s’entourer intelligemment : avec Tony Allen, Guy-Manuel de Homem-Christo, Mr Oizo, Philippe Zdar et maintenant avec Arthur Verocai, figure culte de la musique Brésilienne qui réalise ici un véritable travail d’orfèvre, tout en chaudes rondeurs et en cordes luxuriantes, dans les arrangements ("Comment Revoir Oursinet ?", "Ambiance Rio", "Love", "L’enfant Vert"…). Tout ne serait que plaisir, enfance retrouvée, plaisir des sens. Une certaine candeur ou nonchalance aussi, un côté enfantin loin de toute niaiserie, largement assumé par Tellier, aussi bien dans les petites erreurs que dans les textes pour la première fois entièrement en Français.
Certains pourront toujours trouver sa voix traînante insupportable, ses paroles simples voire puériles, sa posture cynique ou ironique, c’est le risque du personnage. Dommage pour eux car ils passeront tout simplement à côté d’un bien bel album. |